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MONUSCO : Soutien américain ferme mais le M23 entrave la mission à Goma

À l’approche du renouvellement du mandat de la MONUSCO, prévu le 20 décembre, la scène du Conseil de sécurité de l’ONU a offert un spectacle révélateur des lignes de fracture et des alliances qui structurent la réponse internationale à la crise persistante dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les États-Unis, par la voix de leur représentant ce vendredi 12 décembre, ont réaffirmé avec force leur soutien à la mission onusienne, tout en pointant du doigt les obstacles qui entravent son action sur le terrain. Cette déclaration, loin d’être une simple formalité diplomatique, s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées où la rhétorique de paix se heurte à la réalité brutale des combats et des ingérences régionales.

Le représentant américain a en effet placé la barre haute, annonçant que son pays veillerait à ce que la MONUSCO soit dotée de capacités suffisantes pour soutenir les processus de paix de Doha et de Washington. Cette position traduit un engagement renouvelé, mais aussi une attente claire : toutes les parties signataires des accords doivent assumer leurs responsabilités pour leur mise en œuvre réussie. Le soutien des États-Unis à la MONUSCO apparaît ainsi comme un pilier, mais un pilier conditionné à une coopération effective qui, jusqu’ici, fait cruellement défaut. Le discours américain a rapidement basculé de la promesse à la dénonciation, visant directement le groupe rebelle du M23.

L’accusation est sévère et sans ambages : le M23 obstrue le travail de la MONUSCO à Goma, ville qu’il occupe depuis le début de l’année 2025. Selon Washington, les rebelles entravent la liberté de mouvement, le réapprovisionnement et l’application du mandat de la mission. Cette situation crée un paradoxe insoutenable, dénoncé avec une ironie mordante par le diplomate américain. Comment une force de paix onusienne peut-elle remplir son rôle quand elle est assiégée par des groupes armés soutenus par un État qui siège au même Conseil de sécurité et contribue même aux opérations de paix ? Cette « hypocrisie bien triste » vise clairement le Rwanda, pointant du doigt le double jeu de Kigali, accusé de fournir un contingent aux Nations Unies tout en soutenant les forces qui les immobilisent.

La critique américaine s’est faite plus technique, mais tout aussi cinglante, évoquant les déploiements de missiles sol-air et les opérations de brouillage des communications menées par le Rwanda, qui compromettent les déploiements sur le terrain. Face à ce tableau, une question rhétorique a résonné dans la salle du Conseil : « Comment la MONUSCO peut intervenir, peut réussir dans ces conditions ? » Cette interrogation résume le dilemme fondamental de la mission : mandatée pour protéger les civils et stabiliser la région, elle se retrouve elle-même prise au piège dans un conflit dont les ramifications géopolitiques dépassent largement le cadre de son intervention. Cette impuissance orchestrée sert-elle délibérément les intérêts de ceux qui souhaitent une MONUSCO affaiblie et discréditée ?

L’analyse des déclarations au Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC révèle que la position américaine n’est pas isolée. Une large coalition de pays, incluant la France, la Chine, la Russie, le Danemark, le Burundi, le Panama et le Royaume-Uni, a plaidé pour un renouvellement et un renforcement des capacités opérationnelles de la MONUSCO. Le consensus semble se dessiner autour de la nécessité de doter la mission d’un mandat plus offensif, lui permettant d’appuyer activement le processus de cessez-le-feu sur le terrain. Cette évolution potentielle marquerait un changement significatif, transformant la MONUSCO d’un bouclier statique en un acteur plus dynamique de la médiation et du contrôle des engagements pris.

Cet appui demandé viserait explicitement à apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda, cœur du conflit qui ravage l’Est congolais depuis des décennies. La communauté internationale, à travers le prisme du Conseil de sécurité, semble ainsi reconnaître que la crise ne pourra être résolue sans s’attaquer frontalement à sa dimension régionale. Cependant, le fossé entre les déclarations de soutien à New York et la réalité des combats autour de Goma reste abyssal. Le Rwanda, malgré les accusations directes, conserve une influence déterminante sur le terrain par le biais du M23, rendant toute avancée diplomatique conditionnelle à son bon vouloir.

En définitive, le prochain renouvellement du mandat de la MONUSCO se présente comme un test crucial pour la crédibilité du Conseil de sécurité. Les États-Unis et leurs alliés poussent pour une mission robuste, mais ils se heurtent à l’obstruction systématique d’un acteur non-étatique soutenu par un membre de ce même Conseil. La manœuvre est risquée pour Washington : un échec à faire respecter le mandat de la MONUSCO pourrait être interprété comme un signe de faiblesse et encourager de nouvelles escalades. Les prochains jours, jusqu’au vote du 20 décembre, seront marqués par des négociations intenses. L’enjeu est de taille : il s’agit de déterminer si la MONUSCO sera un instrument de paix ou le symbole onusien de l’impasse dans laquelle est enfermé l’Est de la RDC. La réponse dépendra moins des mots prononcés à New York que des actions menées à Goma et à Kigali.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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