Une lueur d’espoir perce dans l’Est troublé de la République démocratique du Congo. Le tronçon Komanda–Luna de la route nationale 4 (RN4), verrouillé pendant près de trois ans par l’insécurité et la dégradation, est officiellement rouvert à la circulation. Cette réouverture, intervenue mardi 9 décembre, marque un tournant pour la connectivité et l’économie régionale, même si l’ombre des Forces démocratiques alliées (ADF) plane toujours.
La cérémonie officielle s’est tenue à Luna, localité frontalière entre les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, en présence des autorités administratives des territoires de Beni et d’Irumu. Cette renaissance d’un axe vital de 75 kilomètres est le fruit d’une réhabilitation financée par le gouvernement congolais et réalisée avec le soutien technique du génie militaire ougandais.
Pourquoi cette réouverture est-elle si capitale ? La réponse se lit dans le soulagement des transporteurs. Au moins cinquante véhicules, allant des cars de transport en commun aux poids lourds, ont immédiatement emprunté le nouveau tracé lors de l’inauguration. Pendant des années, ces acteurs économiques étaient contraints à des détours périlleux par Mambasa ou Kainama, augmentant les coûts et les risques d’embuscades. Le retour à la normale sur la route Komanda Luna RN4 promet de dynamiser les échanges. Il raccourcit considérablement les distances, fluidifie le transport des marchandises et des denrées alimentaires entre l’Ituri, le Nord-Kivu et la Tshopo, et offre un itinéraire plus sûr pour les populations.
Pourtant, les stigmates du passé récent sont encore visibles. Une vingtaine d’épaves de véhicules calcinés bordent toujours la chaussée, témoins muets des attaques meurtrières qui ont rendu ce tronçon Komanda Luna impraticable. Les assauts répétés des rebelles ADF ont causé d’innombrables pertes en vies humaines et paralysé un corridor économique essentiel. La réouverture route Ituri Nord-Kivu est donc bien plus qu’un simple chantier de travaux publics ; c’est un acte de résistance face à l’asphyxie imposée par les groupes armés.
Au-delà de l’aspect économique, la réhabilitation de la route nationale 4 revêt une dimension sécuritaire cruciale. Les forces armées y voient un levier stratégique. Une route praticable permet un déploiement plus rapide des troupes et une intervention accélérée des forces conjointes engagées dans la traque des insurgés. La mobilité est un atout décisif dans la lutte contre l’insécurité qui mine l’Est du pays.
Cependant, la célébration a été tragiquement assombrie. Le jour même de la cérémonie de réouverture, une attaque attribuée aux ADF a coûté la vie à quatre civils, dont un nourrisson de trois mois, dans les environs d’Idohu, le long de ce même axe Komanda-Luna. Cet événement macabre rappelle avec violence que la menace est persistante et que la bataille pour la sécurité transports Est RDC est loin d’être gagnée.
Cette contradiction résume le défi congolais : avancer malgré le danger. La réouverture est une victoire, mais elle reste fragile. Les habitants et les usagers, tout en accueillant positivement cette avancée, lancent un appel pressant aux autorités. Ils demandent un maintien et surtout un renforcement de la présence militaire le long de la RN4 pour sécuriser durablement les déplacements et les activités commerciales. La neutralisation des cellules dormantes des ADF est perçue comme la condition sine qua non pour que cette réhabilitation ne soit pas un investissement vain.
La réhabilitation du tronçon Komanda Luna réhabilitation symbolise ainsi la double bataille que mène la RDC dans ses provinces orientales : rebâtir les infrastructures tout en combattant l’instabilité. L’avenir de cet axe montrera si les efforts de l’État pour rétablir son autorité et sa capacité à protéger les citoyens peuvent tenir tête à la terreur diffuse. Pour l’heure, les camions recommencent à rouler entre Komanda et Luna, portant avec eux l’espoir ténu d’une normalisation, mais sous la protection vigilante des armes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
