Un coup de feu a retenti dans les rues de Goma, ce mercredi, emportant la vie d’une figure controversée. Magloire Paluku, cadre de l’AFC/M23 et ancien journaliste, a été abattu dans des circonstances encore troubles. Cet assassinat à Goma survient dans un contexte de forte tension sécuritaire, alors que l’insurrection dans l’est de la RDC continue de faire des victimes, souvent civiles, mais parfois aussi en son propre sein.
Âgé de 58 ans, Magloire Paluku Kavunga était bien plus qu’un simple combattant. Originaire de Butembo, il avait bâti une réputation de touche-à-tout culturel : journaliste, poète, musicien, et animateur. Fondateur de Radio Kivu 1, sa voix était familière à de nombreux habitants du Nord-Kivu. Comment cette voix, qui a longtemps informé et diverti, s’est-elle retrouvée mêlée à la violence des armes ? Son parcours illustre les trajectoires complexes et souvent tragiques que connaît l’est du Congo.
Après une carrière médiatique, Magloire Paluku avait opéré un virage vers la politique et l’administration. Proche de l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, il avait occupé le poste de directeur de cabinet au ministère de la Culture. Son engagement aux côtés de l’AFC/M23, mouvement rebelle actif dans la région, marquait un nouveau tournant, radical celui-là. Cette affiliation lui a valu, en juillet 2024, une condamnation à mort par contumace. La Cour militaire de la Gombe le reconnaissait coupable, aux côtés de Nangaa et de 23 autres, de crimes de guerre, de trahison et de participation à un mouvement insurrectionnel.
L’ancien journaliste tué en pleine rue pose de nombreuses questions. Son exécution est-elle le résultat d’un règlement de comptes interne au mouvement rebelle ? S’agit-il d’une opération ciblée des forces de l’ordre, bien qu’aucune revendication n’ait été formulée ? Ou, au contraire, ce drame est-il le signe d’une escalade des violences entre factions rivales à Goma, ville pourtant sous contrôle gouvernemental ? Les sources au sein de l’AFC/M23, qui ont confirmé la nouvelle, restent muettes sur les détails. Aucune version officielle n’a encore été fournie par les autorités militaires ou provinciales.
L’assassinat de Magloire Paluku jette une lumière crue sur la persistance de l’instabilité dans l’est de la République démocratique du Congo. L’insurrection est RDC, portée par des groupes comme l’AFC/M23, ne se contente pas d’affronter l’armée régulière. Elle génère aussi ses propres violences internes, ses purges et ses mystères. La mort violente d’un ancien médiatique, condamné pour son rôle dans cette insurrection, rappelle que les lignes entre politique, culture et conflit armé sont souvent tragiquement poreuses dans la région.
La population de Goma, habituée aux soubresauts sécuritaires, observe avec inquiétude cette nouvelle affaire. Les réseaux sociaux locaux s’embrasent de conjectures, tandis que le silence des autorités se fait pesant. Une enquête a-t-elle été ouverte pour élucider les circonstances exactes de ce meurtre ? L’impunité, endémique dans la région, prévaudra-t-elle une fois de plus ? Le bilan, pour l’instant, se limite à un homme mort, une famille en deuil, et une ville un peu plus secouée par l’onde de choc de la guerre qui gronde à ses portes.
Alors que la communauté journalistique congolaise perd un des siens, bien que tombé en disgrâce, les questions sur la sécurité des personnes liées de près ou de loin aux groupes armées restent entières. L’affaire Magloire Paluku n’est probablement qu’un épisode de plus dans la longue chronique des violences à l’Est. Elle symbolise cependant la fin brutale d’un parcours individualisant, et le recyclage incessant des acteurs dans le cycle infernal du conflit congolais. La suite dépendra des investigations, si elles ont lieu, et de la capacité des différents acteurs à faire la lumière sur cet acte.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
