Une onde de choc traverse l’est de la République démocratique du Congo. Les Nations unies viennent de rendre public un bilan préliminaire accablant : au moins 74 civils ont été froidement abattus et 83 autres grièvement blessés entre le 2 et le 7 décembre 2024. Cette flambée de violence, qualifiée d’alarmante par les autorités onusiennes, concentre ses ravages dans la province du Sud-Kivu, plongeant des communautés entières dans la terreur et le deuil.
Selon le coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, ces journées noires ont été marquées par des affrontements impliquant des armes lourdes et des bombardements indiscriminés dans des zones habitées. Les territoires d’Uvira, Walungu, Mwenga, Shabunda, Kabare, Fizi et Kalehe ont tous été touchés. Comment de telles frappes peuvent-elles viser des quartiers résidentiels en toute impunité ? Les combats, d’une rare intensité, ont paralysé toute possibilité de secours. Plusieurs axes routiers stratégiques sont bloqués par des barrages, empêchant l’évacuation urgente des blessés vers des structures de santé.
Dans un communiqué sans équivoque, Bruno Lemarquis a fermement condamné ces attaques directes contre des zones civiles. Il a également dénoncé la destruction systématique d’infrastructures vitales, dont des écoles, constituant une violation flagrante du droit international humanitaire. « Les civils et les infrastructures civiles ne sont pas des cibles », a-t-il martelé, rappelant un principe fondamental bafoué quotidiennement dans cette région. Ce massacre de civils au Sud-Kivu s’inscrit dans une spirale de violence qui semble échapper à tout contrôle.
Les conséquences humanitaires sont catastrophiques. La reprise des violences dans l’est du Congo en décembre 2024 a provoqué un exode massif et précipité. Plus de 200 000 personnes, poussées par la panique, ont fui leur village en quelques jours à peine. Des milliers d’autres ont cherché refuge au-delà des frontières, se joignant au flux continu des déplacés de RDC vers le Burundi et le Rwanda. Ces populations se retrouvent dans des conditions de survie extrêmement précaires, aggravant une crise déjà profonde : la province du Sud-Kivu comptait, avant cette nouvelle vague, près de 1,2 million de déplacés internes.
Face à cette urgence absolue, le responsable onusien a lancé un appel pressant à toutes les parties belligérantes. Il exige la garantie d’un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave pour que les secours puissent enfin atteindre les victimes. Bruno Lemarquis a par ailleurs salué l’entérinement de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda du 4 décembre. Cependant, il a immédiatement tempéré cet optimisme de façade en soulignant que la crédibilité de cet accord dépendrait entièrement de l’arrêt immédiat et observable des hostilités sur le terrain. Les mots sur le papier suffiront-ils à calmer les armes ?
Les équipes humanitaires présentes dans la région affirment être en état d’alerte et prêtes à intervenir dès que la situation sécuritaire le permettra. Leur capacité d’action est pourtant entravée par l’insécurité chronique. Entre janvier et septembre de cette année, plus de 1,5 million de personnes avaient déjà reçu une assistance vitale dans la province. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur des besoins, mais qui risque d’être largement dépassé avec cette nouvelle crise. La communauté internationale peut-elle se contenter de constats sans agir avec plus de fermeté ?
Cette tragédie dans le Sud-Kivu pose une question cruciale : jusqu’où faudra-t-il que monte le bilan des victimes civiles pour que des actions concrètes et décisives soient enfin prises ? Les appels à la paix et au respect du droit humanitaire résonnent dans le vide face au bruit des armes. La mise en œuvre effective de l’accord de paix RDC-Rwanda apparaît dès lors comme un impératif non seulement politique, mais moral. L’espoir de centaines de milliers de déplacés et de familles endeuillées repose sur cette promesse fragile.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
