De violents combats ont une fois de plus ensanglanté le territoire de Lubutu, dans la province du Maniema, ce samedi 6 décembre. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se sont affrontées aux miliciens “Maï Maï Simba” du général autoproclamé Bukui, plongeant la cité de Lubutu dans la panique. Selon des sources concordantes, les échanges de tirs ont débuté vers 14 heures, transformant le centre de la localité en un champ de bataille.
L’origine de ce nouvel épisode de violence est attribuée à une décision ferme des forces gouvernementales. Ces dernières ont interdit à la milice de continuer à tracasser les civils. En effet, les Maï Maï Simba avaient érigé des barrières illégales sur l’axe routier stratégique Losso-Lubutu, plus précisément aux localités de Mungele, Tingitingi et Amisi. À ces postes de contrôle, la population était systématiquement rançonnée, une pratique intolérable pour les autorités. Le refus des miliciens de se soumettre à cette injonction a directement conduit à l’escalade. Comment une région peut-elle prospérer lorsque ses routes sont sous la coupe de groupes armés ?
Ayant mal digéré cette interdiction, les miliciens ont pris l’initiative de l’attaque contre les positions des FARDC. La réponse des forces loyalistes a été immédiate et ferme, déclenchant des affrontements d’une intensité rarement vue dans la zone. Les témoignages font état d’une violence soutenue. Un acteur de la société civile locale, sous couvert d’anonymat, rapporte que la population a massivement fui la cité de Lubutu pour se réfugier en brousse, cherchant un semblant de sécurité loin des combats. La peur était palpable, amplifiée par le bruit des armes qui a résonné jusqu’à minuit, plongeant la nuit dans une atmosphère de terreur.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Lubutu est le théâtre d’un tel conflit cette année. Une confrontation similaire avait déjà opposé les FARDC aux Maï Maï Simba au mois de septembre. À l’époque, la crise avait pu être désamorcée grâce à l’implication conjointe des autorités civiles et militaires dépêchées depuis Kinshasa. Cette résolution, fragile, semble aujourd’hui avoir volé en éclats. Cette récurrence des combats interroge sur l’efficacité des mécanismes de pacification à long terme dans la région du Maniema. La sécurité des civils reste-t-elle une priorité lorsque les accords ne tiennent pas ?
La situation à Lubutu illustre les défis permanents de la stabilisation en RDC, où des groupes armés locaux continuent de défier l’autorité de l’État. La présence de ces milices, comme les Maï Maï Simba, entretient un climat d’insécurité chronique qui entrave tout développement. La population, prise en étau entre les différentes forces, en paie le prix le plus lourd, contrainte à l’exode à chaque regain de tension. Les affrontements FARDC Maï Maï Simba ne sont pas qu’un simple fait d’armes ; ils sont le symptôme d’une crise plus profonde de gouvernance et de contrôle du territoire.
Les conséquences humanitaires de ces événements sont immédiates et préoccupantes. Le déplacement soudain de centaines de familles sans abri ni ressources suffisantes pose un défi majeur aux acteurs humanitaires déjà présents dans la région. L’accès aux soins, à l’eau et à la nourriture devient critique pour ces déplacés. La crise Lubutu, si elle n’est pas rapidement contenue, risque de s’ajouter à la longue liste des urgences oubliées de l’Est congolais.
Alors que la nuit est tombée sur une cité fantôme, les questions sur la suite des événements demeurent. Les FARDC parviendront-elles à rétablir un contrôle durable sur l’axe Losso-Lubutu et à protéger les civils ? Les milices armées RDC, telles que les Maï Maï Simba, accepteront-elles de déposer les armes et d’entrer dans un processus de démobilisation ? La réponse à ces interrogations déterminera l’avenir immédiat de la région. Pour l’heure, le conflit Maniema entre dans une nouvelle phase critique, et la communauté internationale observe, une fois de plus, la résilience d’une population meurtrie par des cycles de violence répétés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
