Dans les agglomérations reculées du groupement Kisimba, territoire de Walikale au Nord-Kivu, un climat d’insécurité et de prédation perdure. Des milices locales imposent leur loi, alourdissant le quotidien des populations déjà vulnérables par un système de taxes illégales. Ce phénomène, décrié depuis des années, prend une nouvelle dimension inquiétante avec l’apparition récente de points de contrôle abusifs.
Le quotidien des habitants est rythmé par des prélèvements forcés. Parmi les exactions les plus courantes figure le « lala salama », un jeton mensuel de sécurité factice s’élevant à 2 000 Francs congolais par personne. S’y ajoute une prétendue ration mensuelle, fixée à 2 500 FC. Ces sommes, bien que semblant dérisoires, représentent un fardeau insoutenable pour des communautés vivant souvent d’une agriculture de subsistance. Comment des civils peuvent-ils se protéger lorsque la protection elle-même devient un commerce ?
La situation sécuritaire dans le Nord-Kivu se complique davantage avec l’érection de nouvelles barrières de tracasserie. Des combattants affiliés au NDC-Rénové ont établi des points de contrôle dans les villages de Kabingu, Bukonde, Biriku, Malimingi, Buruko et Misau. Ces postes illégaux, opérationnels depuis environ un mois selon des sources sécuritaires et coutumières basées à Pinga, fonctionnent selon l’arbitraire le plus total.
Le montant exigé aux passants pour franchir ces obstacles n’est fixé par aucun tarif. Il dépend uniquement de l’humeur du combattant présent, transformant chaque déplacement en une épreuve imprévisible et coûteuse. Ces barrières, bien plus que de simples points de contrôle, sont devenues des symboles de l’effritement de l’autorité de l’État et de la loi du plus fort. L’insécurité à Walikale est ainsi méthodiquement entretenue par ces mécanismes de prédation.
La notabilité du groupement Kisimba a lancé un cri d’alarme, dénonçant ces pratiques qui constituent un fardeau supplémentaire pour la population. Ces taxes illégales et ces barrières arbitraires étouffent l’économie locale, entravent la liberté de mouvement et instillent un sentiment permanent de peur. Jusqu’où cette spirale de l’insécurité dans le Nord-Kivu peut-elle aller si rien n’est fait ?
L’appel des notables est clair : ils exigent une intervention urgente des autorités compétentes pour démanteler ces points de contrôle illicites et mettre fin au racket systématique. La suppression de ces barrières de tracasserie est présentée comme une première étape indispensable pour restaurer un minimum de sécurité et d’État de droit. La population, prise en tenaille entre différentes forces, attend une action concrète et visible.
Les faits rapportés depuis le groupement Kisimba dressent le tableau d’une zone où l’économie de guerre et la prédation sont érigées en système. Au-delà des chiffres, c’est la dignité et la sécurité fondamentale des citoyens qui sont bafouées. La persistance de telles exactions pose une question cruciale sur l’effectivité de la souveraineté de l’État dans ces régions. La réponse des autorités à cet appel au secours sera un indicateur clé de leur volonté réelle de reprendre en main un territoire miné par l’insécurité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
