Vingt-quatre heures après la signature officielle de l’accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, une accalmie inhabituelle est observée ce vendredi 5 décembre sur les principales lignes de front du Nord-Kivu. Les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, ainsi que des portions de Walikale et Lubero, connaissent un silence relatif des armes. Cette trêve fragile fait suite à la médiation conduite sous les auspices de l’ancien président américain Donald Trump, suscitant un mélange d’espoir et de prudence extrême parmi les populations civiles et les observateurs.
Les acteurs locaux, interviewés par Congo Quotidien, expriment un souhait unanime : voir ces engagements diplomatiques se transformer rapidement en un cessez-le-feu effectif et durable. Cependant, l’optimisme est tempéré par une réalité sur le terrain qui reste complexe et volatile. La présence militaire, tant des Forces armées de la RDC (FARDC) que des combattants de l’AFC-M23, demeure significative le long des zones de contact. Une méfiance profondément enracinée entre les belligérants persiste, jetant une ombre sur la phase critique de mise en œuvre des accords.
« Tant que les mouvements de troupes ne s’arrêtent pas complètement et que les positions ne sont pas gelées, ces engagements restent hypothétiques », soulignent plusieurs sources sécuritaires et communautaires sous couvert d’anonymat. Cette prudence reflète les échecs passés de processus de paix dans la région des Kivus, où les déclarations d’intention ont souvent buté sur la difficulté du désengagement concret.
Parallèlement à cette attente sécuritaire, la crise humanitaire dans l’est de la RDC atteint des niveaux alarmants. Quatre années de conflit intense mené par la coalition AFC-M23 ont laissé des séquelles indélébiles : infrastructures vitales détruites, systèmes de santé et d’éducation paralysés, et un paysage social bouleversé. Le bilan humain est accablant, avec des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, vivant dans des conditions précaires, et des communautés entières déracinées. La reprise des hostilités pourrait aggraver une situation déjà catastrophique.
L’accord de paix RDC-Rwanda, fruit de plusieurs mois de pourparlers soutenus par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine, représente-t-il un tournant décisif ou un autre épisode dans un cycle de violence récurrent ? La question hante tous les esprits. La région, meurtrie par des décennies de conflits, aspire à une stabilité qui lui échappe depuis trop longtemps. Les villes de Goma et Bukavu, ainsi que de nombreux villages, restent sous le contrôle ou la menace directe des rebelles, rappelant que le chemin de la paix est encore semé d’embûches.
Les prochains jours seront déterminants. La communauté internationale, ayant facilité ces négociations, est désormais attendue au tournant pour assurer un suivi rigoureux et exercer les pressions nécessaires au respect des engagements. Les populations, quant à elles, espèrent simplement que le silence actuel des armes préfigure un avenir où la sécurité et la dignité ne seront plus un luxe. La réussite de ce processus est cruciale non seulement pour les Kivus mais pour la stabilité de toute la sous-région des Grands Lacs. Les négociations paix Afrique menées ici pourraient servir de modèle ou, au contraire, confirmer un sombre statu quo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
