Dans un contexte régional marqué par d’importants défis sécuritaires, la République démocratique du Congo et la Belgique ont décidé d’écrire une nouvelle page de leur partenariat de défense. Les discussions tenues ce lundi 1er décembre à Kinshasa entre le vice-Premier ministre congolais de la Défense nationale, Guy Kabombo Muadiamvita, et son homologue belge, Theo Francken, ont abouti à un engagement clair pour raffermir leur coopération militaire. Cette rencontre, qualifiée d’historique par les deux parties, illustre la volonté de Bruxelles de consolider son engagement à long terme aux côtés de Kinshasa, notamment face aux menaces persistantes dans l’Est du pays.
La coopération militaire RDC Belgique n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une relation bilatérale ancienne, mais qui prend aujourd’hui une dimension résolument stratégique. Les échanges ont porté sur plusieurs piliers essentiels : la formation des troupes, l’appui opérationnel, la coopération dans le domaine médical et, surtout, le soutien au renforcement des capacités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Cette visite officielle de Theo Francken, la première depuis sa prise de fonction, envoie un signal politique fort. Elle témoigne de la priorité accordée par le nouveau gouvernement belge à ce dossier, matérialisée par une augmentation de son budget de défense dédié à la coopération internationale.
Mais que signifie concrètement ce renforcement du partenariat de défense RDC ? Au-delà des déclarations d’intention, les deux délégations se sont immédiatement rendues à Kindu, dans la province du Maniema, pour constater sur le terrain l’état d’avancement des projets concrets. Cette étape est loin d’être anecdotique. Elle démontre une approche pragmatique centrée sur les résultats et l’efficacité opérationnelle. Sur place, les ministres ont assisté à un briefing sectoriel détaillant les efforts conjoints de l’Union européenne, de la Belgique et de la RDC pour améliorer les capacités logistiques, moderniser les équipements et construire des infrastructures militaires durables.
La visite des chantiers du camp Lwama, incluant la construction d’un complexe logistique et d’un bâtiment pour l’état-major de la 31e brigade de réaction rapide, a permis de mesurer les progrès accomplis. Ces projets militaires à Kindu au Maniema sont au cœur de la stratégie visant à créer un maillon fort et réactif au centre du pays, capable de soutenir les opérations dans les provinces orientales. Fait marquant, le vice-Premier ministre Guy Kabombo a effectué une visite improvisée à l’hôpital militaire de garnison de Kindu, dont il avait lancé la reconstruction il y a seulement 45 jours. Sa satisfaction face à la rapidité d’exécution des travaux souligne la dynamique positive à l’œuvre.
Cette visite de Theo Francken en RDC s’est donc articulée autour de deux axes : la relance politique du dialogue stratégique à Kinshasa et le suivi opérationnel des réalisations à Kindu. Le ministre belge a réaffirmé le soutien inconditionnel de son pays face aux défis sécuritaires qui déstabilisent l’Est congolais. De son côté, Guy Kabombo a salué une visite « hautement symbolique » et a annoncé une mesure concrète pour institutionnaliser cette relation : l’affectation prochaine d’un attaché de défense congolais à Bruxelles. Cette décision permettra de fluidifier les échanges et de planifier les initiatives futures de manière plus structurée.
Quelles sont les implications de ce rapprochement pour la stabilité régionale ? Le renforcement des capacités des FARDC constitue un élément clé de toute stratégie de pacification durable. En appuyant la professionnalisation de l’armée congolaise, la Belgique et l’Union européenne participent indirectement à la sécurisation d’une région dont les conflits ont des répercussions bien au-delà des frontières nationales. Toutefois, les observateurs soulignent que l’efficacité de cette aide dépendra de sa coordination avec les autres acteurs sur le terrain et de son alignement sur les priorités définies par les autorités congolaises elles-mêmes.
La volonté affichée par les deux capitales de donner une nouvelle impulsion à leur coopération de défense semble donc sincère. Elle combine un héritage historique, des intérêts géostratégiques convergents et une méthodologie axée sur des projets palpables. Le succès de cette entreprise commune se mesurera à l’aune de son impact sur la sécurité des populations civiles et sur la capacité des FARDC à remplir pleinement leur mission de protection du territoire. La route est encore longue, mais la visite de ces deux jours a indéniablement posé des jalons solides pour l’avenir de ce partenariat.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
