De violents affrontements ont éclaté ce mardi 2 décembre 2025 dans la province du Sud-Kivu, plongeant les territoires de Walungu et d’Uvira dans un chaos meurtrier. Les éléments de l’AFC/M23 ont engagé des hostilités contre les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les combattants locaux Wazalendo. Selon plusieurs sources locales, les accrochages ont commencé aux alentours de 5h30 du matin, marqués par des détonations intenses d’armes lourdes et légères. Ces combats généralisés interviennent dans un contexte de tension extrême, à seulement deux jours de l’entérinement prévu d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda.
Les localités de Kamanyola, Katogota, Nyangezi et Kaziba sont directement touchées par ces affrontements Sud-Kivu. Toutes les activités scolaires, sociales et économiques y sont paralysées. Un acteur de la société civile sur place rapporte que des maisons ont été incendiées dans les groupements de Butuzi, Ngando, Mwera et Muhumba. Des blessés sont également signalés à Karhembo, dans le groupement de Ngando. La population civile, prise en étau, subit de plein fouet cette recrudescence de violence.
Les hostilités semblent avoir été déclenchées par une offensive des rebelles du M23–AFC, soutenus selon Kinshasa par le Rwanda. Dès 6 heures du matin, des tirs nourris à l’arme lourde ont retenti dans la localité de Katogota, en territoire d’Uvira. Les FARDC et les Wazalendo ont riposté, engageant une bataille rangée qui s’est rapidement étendue. Ces combats Walungu Uvira s’inscrivent dans un mouvement plus large de renforcement des effectifs de l’AFC/M23 observé depuis dimanche sur les différentes lignes de front. La région assiste à un déploiement massif de matériel militaire et d’hommes en armes.
Le bilan humain et matériel commence à s’alourdir. Des centaines de militaires auraient traversé la zone toute la nuit avec des chars et un armement lourd. Des positions ont été installées près de la paroisse de Kamanyola, vers les installations d’eau potable, à Karhimbirwa vers la rivière Luzinzi, et en direction des montagnes de Kalunga. Cette stratégie d’encerclement et d’avancée rapide crée un vent de panique parmi les habitants. Ceux des villages voisins de Lubarika et Luvungi, partis tôt pour les champs, ont dû rebrousser chemin face à l’intensité des combats. De nombreuses familles commencent à quitter précipitamment leurs maisons, craignant une avancée décisive des hostilités.
Comment expliquer cette escalade à la veille d’une signature de paix ? Ces affrontements interviennent en effet à un moment crucial, alors que les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda doivent entériner un accord de paix à Washington. Le gouvernement congolais accuse régulièrement Kigali de soutenir militairement l’AFC/M23, une accusation que le Rwanda a toujours niée. La violence sur le terrain semble envoyer un message politique fort, jetant une ombre sur les espoirs de stabilité portés par cet accord de paix RDC Rwanda. La communauté internationale observe avec inquiétude cette contradiction brutale entre les discours diplomatiques et la réalité sanglante du terrain.
La situation humanitaire se dégrade rapidement. Les déplacements de population s’accélèrent, tandis que l’accès aux soins et à la nourriture devient problématique. Les routes sont coupées, et l’insécurité empêche toute évaluation complète des besoins. Les autorités locales et les organisations humanitaires se trouvent dans l’incapacité d’intervenir dans les zones de combat. La peur d’une prolongation ou d’une extension du conflit est palpable. Les populations, épuisées par des années d’instabilité, voient leurs espoirs de retour à une vie normale s’évanouir une fois de plus.
Le calme n’est toujours pas revenu en fin de journée. Les échanges de tirs, bien que moins nourris, persistent en différents points. Les deux camps semblent consolider leurs positions, laissant présager une nuit tendue et possiblement de nouveaux affrontements à l’aube. L’armée congolaise affirme tenir ses positions et avoir infligé des pertes à l’adversaire, mais aucune confirmation indépendante n’est disponible. La priorité immédiate reste la protection des civils et l’acheminement de l’aide. L’accord de paix attendu à Washington sera-t-il suffisant pour arrêter cette spirale de violence ? La réponse se joue actuellement dans les collines du Sud-Kivu, où chaque détonation semble fragiliser un peu plus les perspectives de réconciliation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
