La lutte contre le VIH/Sida dans la province du Bas-Uele, en République démocratique du Congo, connaît des progrès fragiles. La prévalence VIH Sida Bas-Uele s’établit aujourd’hui à 1,7%, selon les derniers chiffres officiels dévoilés par le PNMLS Bas-Uele. Si ce taux marque une légère baisse, il demeure néanmoins au-dessus de la barre symbolique des 1%, classant la province parmi les dix régions les plus affectées du pays. Cette réalité, rappelée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, interpelle sur l’urgence de renforcer les actions de santé publique.
Mais comment expliquer cette persistance du VIH dans cette région septentrionale de la RDC ? Le secrétaire exécutif provincial du PNMLS, Fabrice Denangowe Doagbili, identifie un cocktail de facteurs propagation VIH Congo particulièrement puissants. La province compte plus de 150 sites d’exploitation artisanale d’or et de diamants, des zones de forte mobilité et de promiscuité souvent peu couvertes par les services de santé. À ce terreau déjà fertile s’ajoutent la prostitution et une proximité géographique avec des zones à très haute prévalence : le Haut-Uele (7,1%), la République centrafricaine (3,8%) et le Soudan du Sud (2,6%). Imaginez le virus comme un voyageur clandestin profitant de chaque route, de chaque échange commercial et de chaque déplacement de populations pour étendre son territoire.
Face à cette situation, les autorités sanitaires provinciales adressent des recommandations précises au gouvernement central pour inverser la tendance. La première priorité est d’orienter les partenaires techniques et financiers vers la sensibilisation, le dépistage et la prise en charge ciblée des adolescentes et jeunes filles enceintes vivant avec le VIH. Cette population vulnérable est souvent la première touchée par les conséquences sociales et médicales de la maladie. La seconde mesure clé est l’implantation de laboratoires spécialisés pour le suivi des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et la réorganisation de leur union représentative, garante d’un accompagnement de proximité.
Par ailleurs, la lutte contre le sida RDC ne saurait être efficace sans une approche globale. Le PNMLS Bas-Uele préconise ainsi un soutien nutritionnel aux patients, via la Division des Affaires sociales et Actions humanitaires. En effet, un traitement antirétroviral est beaucoup moins efficace sur un organisme affaibli par la malnutrition. C’est un peu comme demander à un soldat de se battre sans lui donner de nourriture : ses forces finissent par l’abandonner. Enfin, la recommandation phare reste la garantie d’un accès équitable pour tous aux services essentiels : prévention combinée, dépistage volontaire, traitement antirétroviral et soutien psychosocial. C’est la seule voie pour espérer atteindre l’objectif fixé par les Nations Unies : éliminer le sida comme menace de santé publique Bas-Uele et mondiale d’ici à 2030.
Le chemin reste long, mais les pistes d’action sont claires. La baisse, même timide, de la prévalence montre que les efforts engagés portent leurs fruits. Toutefois, la bataille est loin d’être gagnée. La stabilisation des zones minières, l’autonomisation des femmes et des jeunes filles, et le renforcement des systèmes de santé communautaires sont les prochains fronts sur lesquels la lutte contre le sida RDC doit impérativement avancer. La question qui se pose maintenant est la suivante : la volonté politique et les ressources suivront-elles pour transformer ces recommandations en actions concrètes et durables sur le terrain ? L’avenir de milliers de Congolais en dépend.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
