La République démocratique du Congo est sur le point de tourner une page sanitaire majeure avec la déclaration officielle de la fin de l’épidémie d’Ebola dans la zone de santé de Bulape, au Kasaï. Cette décision intervient après que plus de 42 jours se soient écoulés sans qu’aucun nouveau cas ne soit signalé, depuis le 26 septembre 2025. Ce délai, correspondant à deux fois la période d’incubation du virus, marque un succès significatif pour la santé publique en RDC face à une menace récurrente.
Pourquoi cette annonce est-elle si importante ? Elle symbolise la victoire d’une riposte organisée contre un adversaire redoutable dans un environnement particulièrement difficile. En effet, l’épidémie s’était déclarée dans une zone rurale du Kasaï, notoirement complexe d’accès en raison de l’éloignement, de l’état des routes et du manque criant d’infrastructures de base. Imaginez devoir acheminer des équipes médicales, des traitements et du matériel de protection dans de telles conditions. C’est pourtant le défi qu’ont relevé le ministère de la Santé, avec l’appui indéfectible de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de ses partenaires sur le terrain.
La stratégie de riposte contre Ebola à Bulape a reposé sur trois piliers essentiels. Tout d’abord, une surveillance épidémiologique renforcée, visant à détecter et isoler le plus rapidement possible toute personne présentant des symptômes évocateurs. Ensuite, la prise en charge rapide et efficace des cas confirmés, dans des centres de traitement spécialement équipés. Enfin, et peut-être le plus crucial, une campagne intensive de sensibilisation communautaire. Il a fallu expliquer, convaincre et gagner la confiance des populations locales sur les mesures de prévention, la nécessité de se faire soigner et les rites funéraires sécurisés, souvent un point de friction culturel majeur dans la lutte contre Ebola.
Cette épidémie dans le Kasaï n’était pas un événement isolé. Il s’agissait de la 16e flambée enregistrée en RDC depuis la découverte du virus sur son sol en 1976. Ce chiffre rappelle la présence endémique de la maladie dans le pays, qui doit composer avec un contexte sanitaire extrêmement chargé. Comment maintenir une vigilance sur Ebola lorsque coexistent simultanément d’autres urgences comme le Mpox (anciennement variole du singe), le choléra et la rougeole ? C’est la quadrature du cercle à laquelle font face les autorités sanitaires congolaises et leurs alliés.
Qu’est-ce que la maladie à virus Ebola, au juste ? L’OMS la définit comme une infection rare mais extrêmement grave, avec un taux de létalité pouvant atteindre 90% en l’absence de traitement. Heureusement, la médecine a progressé. Le virus se transmet par contact direct avec les fluides corporels (sang, salive, vomissures, sueur) d’une personne malade ou décédée, ou via des objets contaminés par ces liquides. Il ne se propage pas par l’air. Les symptômes initiaux – fièvre soudaine, fatigue intense, douleurs musculaires – peuvent être trompeurs, évoquant un paludisme sévère. C’est pourquoi la suspicion et l’isolement immédiat sont vitaux.
La bonne nouvelle, c’est que la prise en charge précoce change radicalement la donne. Grâce à des traitements antiviraux efficaces comme le mAb114 ou le REGN-EB3, et à des protocoles de soins de soutien rigoureux (réhydratation, gestion des complications), les chances de survie sont désormais considérablement améliorées. Le scénario qui s’est joué à Bulape en est la preuve : une détection rapide et une intervention ciblée peuvent briser les chaînes de transmission et sauver des vies.
Alors, pouvons-nous nous reposer sur nos lauriers ? Absolument pas. La fin d’une épidémie n’est pas la fin de la vigilance. Le virus Ebola peut persister dans certains réservoirs animaux et ressurgir à tout moment. La leçon de Bulape est double : elle démontre l’efficacité d’une riposte coordonnée, même en zone reculée, et elle souligne l’impérieuse nécessité de renforcer en permanence les systèmes de santé locaux. Pour le citoyen congolais, le message est clair : face à une fièvre hémorragique suspecte, la rapidité d’action est la clé. Se rendre sans délai dans un centre de santé, c’est se donner toutes les chances de guérir et de protéger ses proches. La fin de l’épidémie d’Ebola au Kasaï est une victoire collective, un modèle pour les ripostes futures et un rappel que la santé publique reste un combat de tous les instants.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
