Le cauchemar agricole s’est abattu sur le territoire de Masisi. Des pluies diluviennes d’une violence inouïe ont transformé les champs fertiles en paysages dévastés, emportant avec elles l’espoir de milliers d’agriculteurs du Nord-Kivu. En quelques semaines seulement, les récoltes vitales de maïs, de manioc et de haricot ont été anéanties, plongeant toute une région dans l’incertitude alimentaire la plus totale.
Comment ces agriculteurs pourront-ils se relever face à une telle catastrophe ? Les groupements de Biiri, Bapfuna, Buabo et Banyungu présentent désormais un spectacle de désolation où les cultures jadis prometteuses gisent sous la boue et les eaux stagnantes. Cette destruction massive intervient au pire moment possible : celui des récoltes, lorsque les paysans s’apprêtaient enfin à récolter le fruit de mois de labeur.
La terre, habituellement source de vie, s’est transformée en bourreau impitoyable. L’érosion agricole au Congo atteint des niveaux alarmants, creusant des ravines profondes qui dévorent littéralement les champs. Les inondations à Masisi ne se contentent pas de noyer les cultures – elles arrachent les racines, emportent la couche arable et compromettent la fertilité des sols pour les saisons à venir.
Les témoignages des agriculteurs révèlent une détresse palpable. « L’eau venue de la route a noyé mes récoltes », confie l’un d’eux, la voix brisée par l’émotion. « Je cultivais le maïs, le haricot et les pommes de terre. J’ai tout perdu. C’est l’agriculture qui nous soutenait. Maintenant nous n’avons plus rien… » Cette phrase résume le drame humain derrière les statistiques : des familles entières se retrouvent brutalement privées de leurs moyens de subsistance.
La crise alimentaire au Nord-Kivu, déjà préoccupante, risque de basculer dans l’urgence humanitaire. Les greniers qui devaient assurer la sécurité alimentaire des communautés restent vides, transformant la période post-récolte en cauchemar alimentaire. Les populations doivent désormais « tout reprendre à zéro », selon les mots d’un cultivateur désemparé.
Face à cette urgence écologique et sociale, des solutions émergent cependant. Parfait Baibika Mwema, ingénieur agronome dans le territoire de Masisi, mène une course contre la montre pour sensibiliser les agriculteurs aux techniques anti-érosives. Ses recommandations ? Espacer suffisamment les cultures, réaliser des courbes de niveau et creuser des canaux d’évacuation. Ces méthodes simples mais efficaces pourraient constituer une bouée de sauvetage pour l’agriculture locale.
La destruction des récoltes en RDC n’est pourtant pas une fatalité. Les courbes de niveau permettent de ralentir le ruissellement des eaux, tandis que les canaux bien placés dirigent les flux sans emporter la précieuse terre fertile. L’espacement des cultures, quant à lui, renforce la résistance des plants face aux assauts des pluies diluviennes.
Mais le temps presse. Les pluies diluviennes dans le Nord-Kivu ne sont pas un phénomène isolé – elles s’inscrivent dans une tendance climatique plus large qui menace l’ensemble du bassin du Congo. La région, considérée comme le deuxième poumon vert de la planète, voit son équilibre écologique se dégrader à un rythme inquiétant.
La situation à Masisi sonne comme un avertissement : l’urgence n’est plus seulement environnementale, elle est devenue vitale pour des milliers de familles d’agriculteurs. Les techniques de mitigation proposées par les agronomes représentent un premier pas, mais une réponse coordonnée impliquant les autorités locales et les organisations spécialisées s’avère indispensable.
Alors que la saison des pluies poursuit son œuvre destructrice, une question demeure : comment transformer cette crise en opportunité pour bâtir une agriculture plus résiliente face aux dérèglements climatiques ? La réponse déterminera non seulement l’avenir alimentaire du Nord-Kivu, mais aussi la capacité de toute une région à faire face aux défis écologiques du XXIe siècle.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
