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Kinshasa resserre l’étau sur taxis-motos et tricycles : vers un centre-ville asphyxié ?

L’hôtel de ville de Kinshasa persiste et signe dans sa croisade contre les désordres routiers. Dans un mouvement qui témoigne d’une détermination sans faille, l’exécutif provincial resserre davantage l’étau autour des taxis-motos et étend pour la première fois son champ d’action aux tricycles, ces « moto ya trois pneus » qui ont progressivement colonisé les artères de la capitale.

Le ministre provincial des transports, Jésus-Noël Sheke, a précisé lundi dans un communiqué officiel les nouvelles délimitations qui bornent désormais l’accès au centre-ville. Une cartographie minutieuse qui trace les frontières invisibles entre territoire autorisé et zone interdite pour ces acteurs controversés du transport urbain.

La mesure, présentée comme nécessaire pour fluidifier la circulation et réduire les accidents, dessine un périmètre de restriction s’étendant de l’Avenue des Huileries à l’Avenue Tombalbaye, de l’Avenue de la Libération à l’Avenue Mont des Arts, et couvrant pas moins de onze axes stratégiques. Les taxis-motos devront se contenter d’opérations de dépose-reprise éclair, sans possibilité de stationnement prolongé. Seules échappent à cette rigueur nouvelle les motos privées et celles dédiées aux livraisons.

Mais la véritable innovation réside dans l’extension du dispositif aux tricycles, désormais bannis des grandes artères comme le boulevard Lumumba, le boulevard du 30 juin ou le boulevard Triomphal. Ces véhicules à trois roues, dont la prolifération exponentielle interroge sur l’efficacité des politiques de transport urbain, se voient relégués aux quartiers secondaires et routes communales à faible trafic. Une relégation spatiale qui pose la question fondamentale de l’adéquation entre les mesures restrictives et les réalités socio-économiques de la capitale.

Le gouvernement provincial assortit ces restrictions de sanctions dissuasives : saisie immédiate des taxis-motos contrevenants, mise en fourrière pour trente jours, et amende de 500.000 francs congolais. Les tricycles écoperont quant à eux d’une suspension de quinze jours de leur autorisation de transport, avec la même amende financière. Un dispositif répressif qui contraste avec les échecs passés des tentatives similaires.

La Division Urbaine des Transports, appuyée par la Police Nationale Congolaise et la Brigade Spéciale de Protection de l’Environnement, est chargée de mettre en œuvre ces contrôles permanents. Le ministre Sheke avertit même contre « toute forme de tracasserie, tolérance ou complicité » qui exposerait les agents fautifs à des sanctions administratives sévères. Un avertissement qui en dit long sur les défis de l’application effective de ces mesures.

Cette nouvelle offensive intervient dans un contexte où la présence des motocyclistes n’a cessé de croître malgré les interdictions successives, des mandats de Kimbuta à celui de Ngobila. Les bavures de ces conducteurs sont régulièrement dénoncées, mais leur utilité dans un système de transport public défaillant reste indéniable. La question se pose donc : ces restrictions circulation tricycles et taxis motos Kinshasa suffiront-elles à résoudre les problèmes structurels de mobilité urbaine ?

L’approche répressive choisie par l’hôtel de ville interroge sur la vision à long terme de la politique des transports dans la capitale. Alors que les amendes taxis motos s’annoncent dissuasives, et que la mesure transport Kinshasa se veut radicale, on peut s’interroger sur l’absence de solutions alternatives pour les milliers d’usagers qui dépendent de ces modes de déplacement. La circulation centre-ville Kinshasa deviendra-t-elle plus fluide, ou assistera-t-on simplement à un déplacement des problèmes vers d’autres zones ?

Le gouvernement provincial joue manifestement gros sur ce dossier. L’échec de cette nouvelle tentative pourrait durablement fragiliser sa crédibilité en matière de gestion urbaine. À l’inverse, son succès ouvrirait la voie à une reconfiguration en profondeur de la mobilité kinoise. Reste à savoir si la méthode choisie, essentiellement restrictive, parviendra à convaincre une population souvent sceptique face aux injonctions venues d’en haut.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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