Une étude approfondie du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) vient de révéler les lacunes structurelles qui entravent la gouvernance fiscale des communes de Kinshasa. Ce diagnostic alarmant, fruit de quatre mois d’investigation terrain, pointe du doigt des dysfonctionnements majeurs dans la gestion des finances locales de la capitale congolaise.
Le rapport du CREFDL, publié ce mercredi 26 novembre, dresse un constat sans appel : l’absence d’une budgétisation crédible constitue le premier maillon faible du système. Comment les communes peuvent-elles planifier leur développement sans projections financières fiables ? Cette carence fondamentale empêche toute vision stratégique à moyen et long terme, condamnant les entités décentralisées à une gestion au jour le jour.
La recherche met également en lumière le faible degré de collaboration entre les services taxateurs et le centre d’ordonnancement. Cette fracture administrative génère des inefficacités notoires dans le circuit de recouvrement des recettes. Les conséquences sont tangibles : des ressources potentielles échappent aux caisses communales, limitant d’autant leur capacité d’investissement dans les services publics de base.
Plus préoccupant encore, l’étude révèle l’absence d’un fichier à jour des assujettis dans ces communes de la capitale. Cette lacune technique majeure ouvre la porte à des pertes fiscales significatives et compromet l’équité du système contributif. Sans base de données fiable, comment assurer une répartition juste de la charge fiscale parmi les contribuables kinois ?
Mario Caivano Gracia, représentant de l’Union européenne, souligne l’importance stratégique de cette étude pour renforcer la gouvernance locale. « Cette initiative s’inscrit dans la droite ligne des stratégies européennes visant à réduire les inégalités et à promouvoir un développement économique durable en RDC », affirme-t-il.
Du côté des autorités locales, le président des conseillers communaux de Kinshasa a promis une contribution active au redressement de la bonne gouvernance au niveau des communes kinoises. Cet engagement politique pourrait constituer un levier déterminant pour la mise en œuvre des réformes nécessaires.
Paulin Kibendelwa, expert anticorruption au CREFDL, plaide quant à lui pour une solution structurelle : la digitalisation des circuits de mobilisation des recettes au niveau des communes. « La modernisation technologique des processus fiscaux permettrait de renforcer la transparence, d’améliorer le recouvrement et de réduire les risques de détournement », explique-t-il. L’expert encourage parallèlement le gouvernement provincial de Kinshasa à accélérer le reversement des rétrocessions afin de doter les communes des moyens nécessaires à leur politique de développement.
Pour un développement harmonieux et durable des communes, le CREFDL recommande enfin la poursuite de l’installation des autorités locales élues – conseillers urbains, conseillers communaux, maires et bourgmestres. Cette légitimation démocratique des instances décisionnelles apparaît comme un préalable indispensable à toute réforme en profondeur du système fiscal local.
Réalisé par l’ONG Particip GmbH dans le cadre d’un projet commandé par la Commission européenne, ce rapport offre ainsi une feuille de route précieuse pour transformer la gouvernance fiscale kinoise. Reste à savoir si les autorités compétentes sauront saisir cette opportunité pour bâtir un système plus efficace, plus transparent et plus équitable au service du développement de Kinshasa.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
