Dans une affaire qui soulève de vives préoccupations pour la santé publique, un important stock de moustiquaires imprégnées destinées à la protection contre le paludisme a été intercepté alors qu’il était illicitement détourné. Cet incident survenu dans la province du Maniema met en lumière les défis persistants dans la distribution des produits de santé essentiels en République Démocratique du Congo.
Comment des produits vitaux peuvent-ils ainsi disparaître avant d’atteindre les populations qui en ont le plus besoin ? La question se pose avec acuité après l’interception de 10 ballots de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) à la barrière de Luengo, en chefferie de Basonge1. Ces précieuses protections devaient initialement être distribuées gratuitement dans le cadre d’une campagne de lutte contre le paludisme dans la zone de santé de Samba, territoire de Kasongo.
L’alerte a été donnée grâce à la vigilance des éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) en poste à ce point de contrôle stratégique. Leur intervention rapide a permis de mettre au jour un trafic inquiétant : les moustiquaires, normalement destinées aux familles vulnérables du Maniema, étaient en réalité redirigées vers la province du Tanganyika, plus précisément vers Kongolo. Cette interception par les FARDC démontre l’importance cruciale des contrôles de sécurité dans la préservation des ressources sanitaires nationales.
La société civile locale, par la voix de Kambondo Akilimali Lebon, vice-président et président intérimaire de la société civile de Basonge1, n’a pas caché son indignation face à ce détournement de produits de santé. « Ces moustiquaires ont été interceptées par nos forces de sécurité. Après enquête, plusieurs agents de santé ont été arrêtés, notamment un agent du bureau central de santé et un autre de l’hôpital général de référence », a-t-il déclaré, condamnant fermement cet acte qui met en danger des vies humaines.
Les conséquences de tels détournements sont loin d’être anodines. Le paludisme reste l’une des principales causes de mortalité en RDC, particulièrement chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Les moustiquaires imprégnées constituent l’un des moyens de prévention les plus efficaces contre cette maladie qui continue de faire des ravages dans plusieurs provinces congolaises, dont le Tanganyika où devaient aboutir frauduleusement ces protections.
Les autorités judiciaires sont rapidement entrées en action. Les présumés auteurs de ce vol, ainsi que l’acheteur présumé, ont été appréhendés et transférés au parquet de Kasongo où l’enquête se poursuit. Cette réaction rapide des services de sécurité et de justice envoie un signal fort aux potentiels fraudeurs : la tolérance zéro s’applique désormais face au détournement des produits de santé.
Du côté technique, Kalonda Ngoy Gaston, chargé du programme de lutte contre le paludisme dans la zone de santé de Samba, a confirmé les faits et assuré que des mesures dissuasives sont en cours d’implémentation pour prévenir la répétition de telles pratiques frauduleuses. La question qui se pose maintenant est : comment garantir que les prochaines campagnes de distribution atteindront réellement leurs bénéficiaires légitimes ?
La société civile exhorte les autorités provinciales à renforcer les mécanismes de contrôle et de traçabilité des produits de santé. Elle plaide pour une transparence accrue dans toute la chaîne de distribution, depuis l’arrivée des moustiquaires dans les entrepôts jusqu’à leur remise effective aux ménages. Cette affaire de vol de moustiquaires au Maniema sert de rappel cruel : la bataille contre le paludisme ne se gagnera pas seulement avec des moyens techniques, mais aussi avec une gouvernance irréprochable des ressources sanitaires.
Alors que la RDC continue de lutter contre plusieurs défis sanitaires simultanés, la protection des intrants de santé devient un impératif catégorique. L’interception réussie à Kasongo démontre que la vigilance paie, mais elle révèle aussi la nécessité d’un système plus robuste pour prévenir plutôt que guérir ces détournements qui coûtent des vies humaines.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
