Dans une affaire qui soulève l’indignation générale, un important stock de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) a été intercepté alors qu’il était illicitement détourné de sa destination initiale. Ce vol de moustiquaires imprégnées dans la zone de santé de Samba, territoire de Kasongo, province du Maniema, met en lumière les défis persistants de la chaîne de distribution des produits de santé essentiels en République Démocratique du Congo.
Comment ces précieuses protections, destinées à sauver des vies, ont-elles pu être soustraites du circuit officiel ? L’interception historique opérée par les Forces armées de la RDC (FARDC) à la barrière de Luengo, en chefferie de Basonge1, a permis de mettre au jour ce trafic scandaleux. Pas moins de 10 ballots de moustiquaires, qui devaient être distribués gratuitement aux populations vulnérables, étaient en route vers la province du Tanganyika, plus précisément vers Kongolo, selon les premières investigations.
Le détournement de moustiquaires Samba représente un coup dur pour la lutte contre le paludisme dans cette région où la maladie fait des ravages. Ces MILDA constituent pourtant un outil de prévention essentiel contre le paludisme Kongolo et autres zones endémiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’utilisation de moustiquaires imprégnées réduit de 20% la mortalité infantile due au paludisme en Afrique subsaharienne.
L’interception FARDC Luengo a déclenché une enquête approfondie qui a conduit à l’arrestation de plusieurs individus impliqués dans ce réseau. Parmi les personnes interpellées figurent des agents de santé, dont un responsable du bureau central de santé et un autre de l’hôpital général de référence. Les présumés auteurs de ce vol, ainsi que l’acheteur présumé, ont été transférés au parquet de Kasongo où la justice devra déterminer les responsabilités de chacun.
La société civile locale, par la voix de Kambondo Akilimali Lebon, vice-président et président intérimaire de la société civile de Basonge1, a fermement condamné cet acte qui met en péril la santé des populations. « Ces moustiquaires ont été interceptées par nos forces de sécurité. Après enquête, plusieurs agents de santé ont été arrêtés », a-t-il confirmé, exprimant l’exaspération des communautés devant ces pratiques frauduleuses récurrentes.
Quelles conséquences ce détournement pourrait-il avoir sur la santé publique dans le Maniema ? Le paludisme reste la première cause de mortalité en RDC, avec plus de 27 000 décès enregistrés chaque année, selon le Programme National de Lutte contre le Paludisme. La privation de ces moustiquaires pour les populations cibles pourrait entraîner une recrudescence des cas dans les prochains mois, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, les plus vulnérables face à cette maladie.
Du côté des autorités sanitaires, Kalonda Ngoy Gaston, chargé du programme de lutte contre le Paludisme dans la zone de santé de Samba, a confirmé les faits et assuré que des mesures dissuasives étaient en cours d’implémentation pour prévenir de tels détournements à l’avenir. « Nous travaillons à renforcer les mécanismes de contrôle et de traçabilité de ces produits de santé essentiels », a-t-il déclaré.
Cette affaire de vol moustiquaires imprégnées soulève des questions fondamentales sur la gouvernance du système de santé en RDC. Comment garantir que l’aide sanitaire parvienne effectivement aux bénéficiaires légitimes ? La société civile exhorte les autorités provinciales à prendre des mesures fermes pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement et punir sévèrement les auteurs de ces détournements.
La santé Maniema dépend en grande partie de l’intégrité des acteurs du système sanitaire. Cette interception à Luengo, bien qu’illustrant les défaillances du système, démontre aussi l’efficacité renforcée des mécanismes de contrôle lorsque les différents acteurs collaborent. Reste à savoir si cette collaboration pourra être maintenue et étendue à l’ensemble du territoire national.
Alors que la prochaine campagne de distribution approche, les populations s’interrogent : ces moustiquaires interceptées seront-elles redistribuées aux bénéficiaires légitimes ? Les autorités devront faire preuve de transparence dans le traitement de cette affaire pour restaurer la confiance des populations envers le système de santé publique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
