Dans un contexte où la pacification de l’Est de la République Démocratique du Congo semble s’éloigner chaque jour un peu plus, le parti Envol, formation d’opposition, a rompu le silence samedi 22 novembre pour exprimer sa profonde préoccupation. La persistance des combats Est RDC entre les FARDC et les rebelles de l’AFC/M23, malgré la signature successive de deux accords de paix, interroge sur l’efficacité réelle de la diplomatie congolaise.
Rodrigue Ramazani, secrétaire général du parti Envol, s’est adressé à la population lors d’un meeting populaire tenu au quartier Malueka, dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Dans un discours teinté d’amertume mais porteur d’espoir, le leader politique a dressé un bilan sans concession des récents accords de paix. « Le premier comme le deuxième accord n’ont pas bien marché, car ils n’ont pas pacifié le pays où l’autorité de l’État n’est pas rétablie dans la partie Est », a-t-il déclaré, faisant référence à l’accord de Washington du 27 juin dernier et celui de Doha du 15 novembre 2025.
La situation sur le terrain semble confirmer les craintes exprimées par le parti d’opposition. Les villes de Goma au Nord-Kivu et Bukavu au Sud-Kivu restent, selon Ramazani, « entre les mains des rebelles », illustrant l’échec patent des mécanismes de pacification. Cette réalité soulève des questions fondamentales sur la stratégie gouvernementale : les accords de paix successifs constituent-ils véritablement une solution ou simplement un moyen de gagner du temps face à une crise qui s’enracine ?
Au-delà de la dimension strictement sécuritaire, le cadre du parti Envol a élargi sa critique aux conséquences socio-économiques de cette instabilité persistante. La perte du pouvoir d’achat de la population, aggravée par l’instabilité du marché de change, représente selon lui une « double peine » pour des Congolais déjà éprouvés par des années de conflit. Cette dégradation économique n’épargne pas la capitale, où l’insécurité Kinshasa connaîtrait une recrudescence inquiétante, avec des cas d’attaques domiciliaires qui contribuent à créer un climat de psychose.
Face à cette situation multidimensionnelle, le parti Envol propose une refonte complète de l’approche gouvernementale. L’assainissement du climat des affaires apparaît comme une priorité absolue pour attirer les investisseurs étrangers et permettre aux jeunes d’accéder à l’emploi. Cette proposition soulève néanmoins une interrogation cruciale : comment prétendre attirer les investissements dans un environnement où la sécurité des personnes et des biens n’est pas garantie ?
Rodrigue Ramazani a conclu son intervention par un appel à la mobilisation citoyenne, exhortant les Congolais à « braver la peur » et à s’impliquer activement pour améliorer la vie sociale et lutter contre les anti-valeurs qui entravent le développement du pays. Son message, « Méfiez-vous de la peur, car le Congo nous appartient à nous tous », résonne comme un rappel à la responsabilité collective face aux défis qui attendent la nation.
Cette prise de position du parti Envol intervient à un moment charnière pour la RDC, où la crédibilité des institutions et la confiance des populations dans la capacité de l’État à rétablir la paix sont sérieusement mises à l’épreuve. Les prochains jours diront si cette voix dissonante dans le paysage politique congolais parviendra à infléchir la stratégie gouvernementale concernant la gestion des combats Est RDC et la mise en œuvre effective des accords de paix.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
