Le marché céréalier du Kasaï-Central et de la Lomami connaît une perturbation notable avec une flambée des prix du maïs qui touche particulièrement les consommateurs de Kananga et Mwene-Ditu. Cette situation alarmante révèle les vulnérabilités structurelles des circuits d’approvisionnement dans cette région pourtant considérée comme le grenier céréalier de la RDC.
À Mwene-Ditu, la situation atteint des proportions inquiétantes : la mesurette traditionnelle de maïs « Meka », d’environ 3 kg, a vu son prix plus que doubler en l’espace d’une semaine. Le produit est passé brutalement de 2 000-2 500 francs congolais à 4 200-4 500 francs congolais, créant un véritable choc pour les ménages dont le maïs constitue la base alimentaire. Comment les familles vont-elles faire face à cette envolée des prix dans une région où le pouvoir d’achat reste limité ?
Les commerçants sur place pointent du doigt deux facteurs principaux expliquant cette crise. D’une part, la préparation de la nouvelle saison agricole a drainé les stocks disponibles vers les zones de production, créant une tension sur l’offre. D’autre part, les difficultés chroniques d’évacuation des productions des zones rurales vers les centres urbains persistent, affectant la régularité des approvisionnements.
Kananga, capitale du Kasaï-Central, n’est pas épargnée, bien que la hausse y soit plus modérée. La mesurette de maïs graine est passée de 2 500 à 2 700 francs congolais, soit une augmentation de 8% en une semaine. Mais derrière cette apparente modération se cache une menace plus structurelle : la spéculation active des opérateurs économiques qui anticipent une rupture imminente des approvisionnements.
La source de cette inquiétude ? Une tête d’érosion particulièrement active à Bena Leka, dans le territoire de Demba, qui menace directement la voie ferrée reliant Kananga aux territoires de Mweka et Ilebo. Cette artère vitale pour l’économie régionale assure le transport de près de 70% des denrées alimentaires vers les grands centres de consommation. Sa possible interruption plongerait toute la région dans une crise alimentaire majeure.
Les conséquences économiques de cette situation pourraient être dévastatrices. Le maïs représente près de 40% de la consommation céréalière dans le Kasaï-Central. Une hausse durable des prix déclencherait inévitablement un effet domino sur l’ensemble du panier de la ménagère, accentuant l’inflation alimentaire dans une région déjà fragilisée économiquement.
Face à cette urgence, la population interpelle les autorités provinciales et la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). La réhabilitation urgente de la voie ferrée et la mise en place de mesures anti-érosion s’imposent comme des impératifs catégoriques pour sécuriser l’approvisionnement alimentaire de toute la région.
La SNCC, pilier essentiel du désenclavement économique du Kasaï-Central, se trouve ainsi au cœur d’un enjeu qui dépasse largement la simple maintenance ferroviaire. Sa capacité à intervenir rapidement conditionnera la sécurité alimentaire de millions de congolais. La voie ferrée n’est-elle pas l’artère vitale qui irrigue l’économie de toute une région ?
À plus long terme, cette crise souligne la nécessité de diversifier les modes de transport et de développer des solutions alternatives pour l’évacuation des productions agricoles. L’économie du Kasaï-Central, fortement dépendante du secteur primaire, ne peut se permettre de voir ses principaux axes de communication régulièrement menacés par les aléas naturels.
La situation actuelle représente un test crucial pour la résilience économique de la région. Elle met en lumière l’impérieuse nécessité d’investissements structurants dans les infrastructures de transport, condition sine qua non pour stabiliser les prix du maïs et assurer la sécurité alimentaire des populations du Kasaï-Central et de la Lomami.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
