La scène politique congolaise assiste à l’émergence d’une dynamique citoyenne qui remet en question les fondements mêmes de l’architecture institutionnelle actuelle. Le « Front pour la 4e République », structure récemment lancée à Kinshasa, ose poser un diagnostic sans concession sur les défaillances du système en place et propose une alternative audacieuse.
Lors d’une rencontre organisée ce samedi 22 novembre, Francis Okito, porte-parole du mouvement, a dressé un bilan sévère de la Troisième République. « La Troisième République a démontré ses limites par le texte qui l’organise, par le mécanisme de gestion de la gouvernance, ainsi que par les institutions », a-t-il affirmé devant un auditoire attentif. Ces propos, qui résonnent comme un constat d’échec, interrogent fondamentalement la capacité du modèle actuel à répondre aux défis de la nation.
Mais au-delà du simple constat, le Front pour la 4e République avance des propositions concrètes pour une réforme en profondeur du système de gouvernance en République Démocratique du Congo. La limitation effective du pouvoir entre l’exécutif et le législatif, couplée à une gestion orthodoxe du pouvoir judiciaire, constituerait le cœur de cette nouvelle architecture institutionnelle. Cette approche vise-t-elle à rééquilibrer des rapports de force devenus dysfonctionnels ?
La critique du texte constitutionnel actuel apparaît comme le principal leitmotiv de ce mouvement citoyen. Selon ses membres, la Constitution en vigueur ne respecterait pas les réalités congolaises et aurait montré ses limites dans la gestion des conflits institutionnels. Un jeune adhérent, dont le témoignage a été recueilli, résume cette perception : « La Troisième République, au départ, a été un salut, mais il s’avère qu’avec le temps, elle a présenté ses insuffisances. » Cette déclaration soulève une question fondamentale : le cadre institutionnel actuel est-il devenu inadapté aux exigences du développement durable ?
Le Front pour la 4e République ne se contente pas de critiques stériles. La mise en place d’une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution démontre la volonté de concrétiser cette ambition réformatrice. Parallèlement, la formation des membres et la popularisation de la démarche à travers le pays témoignent d’une stratégie à long terme. L’adhésion de plus de cinquante personnes le jour même de la rencontre illustre l’écho que trouve cette initiative auprès de certains citoyens.
Les promoteurs de cette structure affirment vouloir améliorer les textes qui régissent le pays afin de tracer la voie vers un développement durable. Cette ambition soulève cependant plusieurs interrogations. Comment concilier la nécessité de stabilité institutionnelle avec l’impératif de réforme ? La recherche d’un nouvel équilibre des pouvoirs ne risque-t-elle pas de créer de nouvelles tensions ?
La démarche du Front pour la 4e République s’inscrit dans un contexte politique où les débats sur la réforme de la gouvernance au Congo prennent une acuité particulière. La proposition d’une nouvelle constitution en RDC interpelle l’ensemble de la classe politique et de la société civile. Les limites de la Troisième République, si elles sont effectivement avérées, appellent-elles nécessairement à un changement de modèle politique ?
Alors que le mouvement poursuit sa structuration et sa montée en puissance, son influence réelle sur le débat politique national reste à déterminer. La capacité du Front à transformer ses propositions en véritable force de changement constituera le véritable test de sa crédibilité. La route vers une éventuelle Quatrième République s’annonce longue et semée d’embûches, mais le simple fait que ce débat émerge dans l’espace public congolais représente en soi un développement significatif.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
