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Butembo-Beni: L’évêque dénonce l’abandon de l’Est de la RDC face aux massacres

Dans un cri d’alarme lancé depuis la pro-cathédrale de Beni-Paida fraîchement réhabilitée, Monseigneur Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni, a pointé du doigt le désengagement apparent des autorités centrales face à l’escalade de violence qui ensanglante le Nord-Kivu. Cette sortie remarquée intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement délétère, marqué par la récente attaque meurtrière des Forces démocratiques alliées (ADF) ayant coûté la vie à 29 personnes au Centre de santé de référence de Biambwe.

L’homme d’Église, dont la voix porte le poids de communautés entières vivant dans l’angoisse permanente, a dépeint une réalité glaçante : celle d’une région abandonnée à son sort, où les civils paient le prix fort d’un conflit qui semble échapper à tout contrôle. « Je reviens de Kinshasa, je n’ai pas eu l’impression qu’ils se préoccupent beaucoup d’ici », a-t-il confessé, trahissant cette amère conviction que l’Est de la RDC constituerait une périphérie négligeable aux yeux du pouvoir central.

La question qui se pose avec une acuité croissante est la suivante : jusqu’où devra s’enfoncer le Nord-Kivu dans la violence avant que des mesures concrètes ne soient prises ? Le massacre de Biambwe, survenu dans la nuit du 15 novembre, illustre tragiquement l’impunité dont jouissent les groupes armés dans cette région. Des patients tués dans leur lit, des médicaments pillés, des habitations réduites en cendres – ce scénario cauchemardesque est devenu la routine macabre pour des populations livrées à elles-mêmes.

L’appel de Monseigneur Sikuli Paluku résonne comme un ultime avertissement adressé aux dirigeants congolais. L’évêque de Butembo-Beni ne se contente pas de dénoncer l’insécurité ; il rappelle avec force le contrat social fondamental liant tout État à ses citoyens. « Nous sommes des citoyens congolais, nous avons le droit d’être sécurisés, les personnes et leurs biens », a-t-il martelé, soulignant ainsi la défaillance criante d’un système censé protéger les plus vulnérables.

La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, particulièrement dans les zones de Beni et Butembo, interroge sur l’efficacité des stratégies déployées jusqu’à présent. Les attaques ADF se multiplient, les bilans s’alourdissent, et la paix semble s’éloigner davantage chaque jour. Le gouvernement joue-t-il sa crédibilité sur ce dossier ? L’échec à rétablir la sécurité dans le Nord-Kivu pourrait durablement entacher la légitimité des institutions congolaises.

Au-delà des déclarations d’intention et des promesses maintes fois répétées, la population attend des actes. La réouverture de la pro-cathédrale de Beni-Paida, symbole de résilience pour une communauté meurtrie, devrait s’accompagner de mesures tangibles pour la protection des civils. Or, force est de constater que les tueries se poursuivent, que les groupes armés étendent leur emprise, et que le sentiment d’abandon gagne du terrain.

La crise sécuritaire dans l’Est du Congo dépasse largement le cadre régional ; elle engage la cohésion nationale tout entière. Les propos de l’évêque de Butembo-Beni soulèvent une question fondamentale : comment construire un État de droit lorsque certaines de ses composantes sont laissées en proie à la violence ? La réponse à cette interrogation déterminera non seulement l’avenir du Nord-Kivu, mais aussi la capacité de la RDC à affirmer son autorité sur l’ensemble de son territoire.

Les prochains jours seront déterminants. Soit le gouvernement congolais prendra la mesure de la détresse exprimée par Monseigneur Sikuli Paluku et déploiera une stratégie crédible pour la paix dans l’Est de la RDC, soit le fossé se creusera encore davantage entre Kinshasa et les populations du Kivu. Dans ce contexte, l’appel de l’évêque constitue moins une supplique qu’un ultimatum moral adressé à ceux qui détiennent le pouvoir. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises, qui devront assumer leurs responsabilités ou en répondre devant l’histoire.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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