Dans moins d’un mois débutera à Dubaï le grand rendez-vous mondial du roller, mais une ombre plane sur la participation congolaise. La Dream Team Roller de Beni, fierté nationale et représentante officielle de la RDC, se trouve prise dans un terrible dilemme entre préparation intensive et incertitude logistique.
Alors que la 7ᵉ édition de la Coupe du monde des clubs de roller s’annonce fastueuse aux Émirats arabes unis du 7 au 18 décembre 2025, l’équipe congolaise navigue en eaux troubles. Comment expliquer qu’une formation ayant prouvé son talent international doive encore supplier pour obtenir le soutien élémentaire de son pays ?
Sur le terrain d’entraînement de Beni, au Nord-Kivu, l’atmosphère est étrange. D’un côté, une détermination de fer anime les athlètes qui enchaînent les séances techniques avec une discipline impressionnante. De l’autre, cette épée de Damoclès qui menace de trancher net leurs rêves de gloire.
« Nous sommes prêts techniquement, mentalement, physiquement », affirme Joël Kamala Kavuya, président de l’entente urbaine de roller de Beni. « Mais comment pouvons-nous planifier sereinement quand aucun détail concret ne nous parvient des autorités ? »
Le paradoxe est cruel. Ces mêmes rollers qui ont offert à la RDC une honorable 6ᵉ place mondiale lors de la Coupe du monde junior de RollBall au Kenya en juin dernier se retrouvent aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale. Leur performance kenyane aurait dû sonner comme un électrochoc, ouvrir grandes les portes des institutions sportives nationales. Il n’en fut rien.
« Le ministère des Sports organise régulièrement la logistique pour les basketteurs et les footballeurs. Pourquoi les rollers, les judokas et les boxeurs ne mériteraient-ils pas la même considération ? », s’interroge, amer, le président Kamala. Une question qui résonne comme un cri du cœur dans le paysage sportif congolais.
La situation prend une dimension particulière quand on considère le contexte local. À Beni, région du Nord-Kivu en proie à l’instabilité sécuritaire, le roller représente bien plus qu’un simple sport. Il constitue une bouffée d’oxygène pour une jeunesse confrontée quotidiennement aux défis de la violence armée des rebelles ADF.
« Nous avons honoré le pays au Kenya. Nous avons montré que malgré les difficultés, la jeunesse congolaise peut exceller au plus haut niveau. Pourtant, nos efforts semblent minimisés, nos recommandations ignorées », déplore le dirigeant sportif.
Le développement du roller en RDC, particulièrement dans cette région du Nord-Kivu, représente un véritable enjeu de société. Chaque jeune qui chausse des rollers, c’est une victoire contre l’oisiveté, contre la tentation des groupes armés, contre le désespoir. La Dream Team Roller Beni incarne cet espoir, cette résilience qui force l’admiration.
Alors que les autres nations finalisent leurs préparatifs pour la Coupe du monde roller de Dubaï, l’équipe congolaise attend. Elle attend un signe, un engagement, une simple confirmation. Les billets d’avion, l’hébergement, la logistique sur place – autant d’éléments qui restent mystères tandis que le compte à rebours s’accélère.
« Il est grand temps que la RDC commence à prendre soin des jeunes qui la valorisent », insiste Joël Kamala. « Nous avons connu des difficultés pour amener nos athlètes à Nairobi, qu’en sera-t-il pour Dubaï ? »
La question demeure en suspens, lourde de conséquences. Car au-delà de la simple participation à une compétition internationale, c’est tout un symbole qui se joue. Le sport roller en RDC peut-il s’épanouir sans le soutien institutionnel nécessaire ? La Dream Team Roller Beni parviendra-t-elle à surmonter une fois de plus les obstacles pour porter haut les couleurs nationales ?
Une chose est certaine : le potentiel est là, palpable, vibrant. Ces athlètes ont démontré leur valeur sur la scène internationale. Ils méritent aujourd’hui que leur nation croie en eux autant qu’ils croient en elle. Le monde du roller en République Démocratique du Congo retient son souffle, espérant que la raison l’emportera et que ces ambassadeurs sportifs pourront accomplir leur mission à Dubaï.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
