Dans un coup de théâtre administratif, le ministre de l’Intérieur a brutalement mis un terme à l’opération controversée d’échange d’armes contre récompense financière dans le Nord-Kivu. Par un télégramme daté du 14 novembre, le gouvernement central a estimé que cette initiative, pourtant lancée avec fracas par le gouverneur militaire de la province, constituait une menace pour la sécurité régionale et risquait d’entacher l’image de la République Démocratique du Congo sur la scène internationale.
Le ministre de l’Intérieur RDC a donc pris la décision radicale de suspendre immédiatement cette campagne ramassage armes Nord-Kivu, jugée contre-productive. Cette opération, qui proposait des compensations allant jusqu’à 200 dollars pour les armes lourdes, aurait-elle pu créer un marché parallèle d’armes illicites ? La question mérite d’être posée, tant les risques de détournement apparaissent évidents.
L’ONG Jeunes Ambassadeurs Paix, par la voix de son coordonnateur national Disciple Makasi, a salué avec force cette décision gouvernementale. L’organisation, experte en matière de sécurisation des zones post-conflit, souligne que la démarche initiale exposait dangereusement les populations civiles. « Une approche purement monétaire ne peut résoudre les défis complexes de la sécurité Nord-Kivu », semble-t-elle suggérer.
Rappelons que le gouverneur Evariste Kakule Somo avait lancé cette opération le 11 novembre dernier, avec l’ambition affichée de réduire la violence armée et de restaurer l’autorité de l’État. Mais le gouvernement central a visiblement estimé que le remède proposé risquait d’être pire que le mal. La perspective de voir des armes recyclées ou de nouvelles acquisitions financées par les primes gouvernementales a probablement pesé lourd dans la balance.
Cette suspension intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile au Nord-Kivu, où la présence de multiples groupes armés complique toute initiative de désarmement. Le ministre de l’Intérieur joue ici un rôle de régulateur face à des autorités provinciales peut-être trop enthousiastes. Sa décision témoigne d’une prise de conscience des enjeux stratégiques qui dépassent le cadre strictement local.
Quelles seront les conséquences de ce revirement pour la sécurité dans l’est de la RDC ? La communauté internationale, notamment les Nations Unies, observe avec attention cette gestion des armes légères dans une région encore marquée par les conflits. L’approche communautaire prônée par les Jeunes Ambassadeurs Paix pourrait-elle offrir une alternative viable ? Le débat est désormais ouvert.
Cette affaire révèle également les tensions potentielles entre autorités centrales et provinciales dans la gestion des questions sécuritaires. Le gouverneur militaire, par son initiative, avait-il outrepassé ses prérogatives ? La réaction rapide du ministre de l’Intérieur suggère en tout cas une reprise en main ferme de ce dossier sensible.
À l’heure où la stabilisation du Nord-Kivu reste une priorité nationale, cette suspension interroge sur l’efficacité des méthodes de collecte d’armes. Faut-il privilégier les incitations financières ou miser sur la sensibilisation et le dialogue communautaire ? La réponse du gouvernement, through cette décision courageuse, semble tranchée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
