Une situation alarmante secoue le secteur de la santé dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Depuis le mois de mars 2025, les structures sanitaires locales enregistrent une augmentation préoccupante des cas de mortalité infantile et de naissances prématurées. Les chiffres révélés par le bureau de supervision de la zone de santé donnent froid dans le dos : une femme sur cinq qui accouche dans cette région perd son enfant à la naissance.
Comment expliquer cette tragique statistique ? La réponse réside dans un constat simple mais dramatique : le manque de suivi médical précoce durant la grossesse. La majorité des femmes enceintes de cette région ne consultent un professionnel de santé que lorsqu’elles sont à terme, privant ainsi le fœtus du suivi médical essentiel à son développement.
« Nous avons remarqué que ces derniers temps, il y a beaucoup de cas de complication lors de l’accouchement », confie Bikimbo Mbunsu, superviseur de la zone de santé. « Souvent les femmes enceintes arrivent à l’hôpital trop tard, le cas se complique et parfois, l’enfant meurt ».
La consultation prénatale représente pourtant l’étape cruciale pour assurer le bon déroulement d’une grossesse. Elle permet aux professionnels de santé de détecter précocement d’éventuels problèmes, de surveiller la croissance du fœtus et de préparer l’accouchement dans les meilleures conditions. Négliger ce suivi médical, c’est comme entreprendre un long voyage sans vérifier l’état de son véhicule : le risque d’accident devient considérable.
Mais pourquoi les femmes enceintes de Walikale boudent-elles les consultations prénatales ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation : la méconnaissance des risques, les distances à parcourir pour atteindre les centres de santé, les coûts des soins, ou encore certaines croyances traditionnelles. Pourtant, les conséquences de cette négligence sont lourdes : complications lors de l’accouchement, handicaps chez le nouveau-né, et malheureusement, décès évitables.
La santé maternelle à Walikale nécessite une attention urgente. Les spécialistes insistent sur l’importance de consulter dès les premiers signes de grossesse, et non pas seulement lorsque le terme approche. « La femme enceinte doit être suivie dès le début pour son bien et celui du bébé dans le ventre », martèle Bikimbo Mbunsu.
Quels sont les risques concrets d’une grossesse à risque non suivie médicalement ? Hypertension artérielle, diabète gestationnel, infections, malnutrition, anomalies du développement fœtal… La liste est longue et préoccupante. Chacun de ces problèmes, s’il n’est pas détecté et pris en charge à temps, peut mettre en danger la vie de la mère et de son enfant.
La solution ? Développer une véritable culture du suivi médical précoce. « J’invite les couples, car la grossesse n’est pas seulement une affaire de la femme seule, à avoir la culture de consulter les professionnels de la santé dès les premiers signes de grossesse », conseille le superviseur sanitaire. Cette approche inclusive, impliquant à la fois la femme et son conjoint, pourrait révolutionner les pratiques locales.
Les soins prénatals en République démocratique du Congo représentent un enjeu de santé publique majeur. Dans des régions comme Walikale, où l’accès aux soins reste limité, la sensibilisation des populations devient une priorité absolue. Les autorités sanitaires locales envisagent-elles des campagnes de sensibilisation massives ? Des structures mobiles pour atteindre les villages les plus reculés ? La question mérite d’être posée avec insistance.
Que faire concrètement pour améliorer cette situation dramatique ? Premièrement, renforcer l’information et l’éducation des couples sur l’importance du suivi médical précoce. Deuxièmement, faciliter l’accès géographique et financier aux consultations prénatales. Troisièmement, impliquer les leaders communautaires dans la sensibilisation. Enfin, former davantage de personnel soignant capable d’assurer un suivi de qualité.
La consultation prénatale RDC n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale. Chaque grossesse mérite d’être accompagnée, surveillée, protégée. Le drame de Walikale nous rappelle cruellement cette évidence : sans suivi médical précoce, des vies continueront d’être perdues inutilement. La mobilisation de tous – autorités sanitaires, organisations non gouvernementales, communautés locales – est indispensable pour inverser cette tendance alarmante.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
