La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) a publié un rapport accablant mettant en lumière les conditions de détention dramatiques qui prévalent dans les prisons de Makala et de Ndolo à Kinshasa. Ce document, rendu public mercredi 19 novembre, dresse un constat alarmant de la situation carcérale en République Démocratique du Congo, révélant des chiffres qui donnent à réfléchir sur l’état du système pénitentiaire national.
Selon les investigations menées par l’organisation, la prison centrale de Makala et celle de Ndolo totaliseraient 11 404 détenus pour une capacité d’accueil théorique ne dépassant pas 1 500 personnes. Cette surpopulation carcérale extrême, qui dépasse les 700% des capacités initiales, engendre des conditions de vie indignes et contraires aux standards internationaux des droits humains. Comment en est-on arrivé à une telle situation dans la capitale congolaise ?
Emmanuel Cole, coordonnateur de la FBCP, a personnellement supervisé les recherches qui ont mis en évidence des cas graves de malnutrition parmi la population carcérale. Les détenus, entassés dans des cellules surpeuplées, ne bénéficient pas d’une alimentation suffisante et équilibrée, ce qui affecte considérablement leur état de santé général. Les carences nutritionnelles observées compromettent sérieusement le bien-être physique et mental des prisonniers, créant un environnement propice au développement de diverses pathologies.
Le rapport de la Fondation Bill Clinton RDC souligne également les lenteurs judiciaires comme l’un des facteurs aggravants de cette crise carcérale. De nombreux détenus attendent leur procès depuis des mois, voire des années, dans des conditions précaires, sans perspective claire quant à l’aboutissement de leur dossier. Cette situation interpelle la justice congolaise sur la nécessité de revoir ses mécanismes de traitement des affaires pénales.
La question de l’accès aux soins médicaux constitue un autre point noir identifié par l’organisation. La plupart des prisonniers n’auraient pas accès à des soins médicaux de qualité, ce qui entraînerait des conséquences tragiques. « Pour cette raison, nombreux d’entre eux succombent à leurs maladies », déplore Emmanuel Cole dans le rapport FBCP sur les prisons Ndolo et Makala. Cette absence de prise en charge médicale adéquate soulève des interrogations fondamentales sur le respect de la dignité humaine dans les établissements pénitentiaires congolais.
Face à ce constat préoccupant, la Fondation Bill Clinton pour la Paix a formulé plusieurs recommandations à l’intention des autorités congolaises. Parmi les mesures urgentes préconisées figurent l’accélération du traitement des dossiers des détenus et la construction de nouveaux bâtiments dans l’enceinte des prisons existantes. Ces propositions visent à apporter des solutions concrètes à la surpopulation carcérale et à améliorer les conditions de vie des prisonniers.
La situation décrite dans le rapport interpelle la communauté nationale et internationale sur la nécessité de réformer en profondeur le système pénitentiaire congolais. Les conditions de détention à Makala et Ndolo reflètent-elles l’état global des prisons en RDC ? Cette question mérite une attention particulière de la part des décideurs politiques et des acteurs de la société civile.
Les recommandations de la FBCP ouvrent la voie à une réflexion plus large sur la réforme du système judiciaire et pénitentiaire en République Démocratique du Congo. La mise en œuvre de ces propositions pourrait marquer un tournant décisif dans l’amélioration des conditions de détention et le respect des droits fondamentaux des personnes incarcérées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
