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Centre Simama Kisangani : occupation illégale paralyse l’aide aux handicapés

Au cœur de Kisangani, une crise silencieuse frappe le Centre médicosocial « Simama », établissant un triste précédent pour les personnes vivant avec handicap en République Démocratique du Congo. Depuis mercredi 19 novembre 2025, les activités éducatives et sanitaires de ce centre spécialisé sont paralysées, victime d’une occupation illégale qui soulève des questions fondamentales sur la protection des plus vulnérables.

Imaginez cette scène : des enseignants dévoués, des soignants passionnés et des élèves déterminés assis en silence devant leur établissement, leurs fauteuils roulants et béquilles formant un rempart pacifique contre l’injustice. Leur sit-in de protestation n’est pas qu’un simple mouvement de colère, mais le cri du cœur d’une communauté marginalisée qui refuse de voir son sanctuaire transformé en zone de non-droit.

« Comment pouvons-nous continuer à fournir des soins adaptés dans un environnement où certains vendeurs proposent des boissons fortement alcoolisées, d’autres la cigarette, et d’autres encore du chanvre ? » s’interroge le révérend frère Pascal Baragata, directeur du Centre Simama. Sa voix porte l’écho de l’indignation collective face à cette cohabitation forcée qui bafoue les valeurs fondamentales de l’établissement.

La servitude latérale gauche du centre, longeant le boulevard Lumumba, est devenue le théâtre d’une véritable bataille pour la dignité. Ces kiosques installés anarchiquement par des inconnus ne représentent pas seulement une gêne physique, mais une atteinte directe à la mission sociale du centre. Comment expliquer à un jeune en situation de handicap mental que les valeurs d’intégrité et de respect qu’on lui enseigne sont bafouées à quelques mètres de sa salle de classe ?

L’avocat conseil de l’archidiocèse de Kisangani, l’abbé Jean-Paul Makelele, rappelle avec fermeté un principe fondamental : « La RDC est un État de droit. L’État doit empêcher ces violations des droits du Centre Simama et surtout protéger les personnes vulnérables qui y sont encadrées. » Son appel résonne comme un test crucial pour les autorités locales, dont le silence face à cette situation interpelle.

Derrière cette occupation illégale de kiosques se cache une réalité plus amère : la précarité des structures dédiées aux personnes handicapées en RDC. Le Centre Simama n’est pas qu’un simple bâtiment, mais un lieu de renaissance où des centaines de personnes retrouvent espoir et autonomie. Sa paralysie affecte directement l’encadrement, la rééducation et l’insertion socioprofessionnelle de dizaines de personnes vivant avec handicap.

Les conséquences de cette situation dépassent largement le simple désagrément quotidien. Comment assurer une thérapie efficace dans une atmosphère de tension permanente ? Comment maintenir la concentration des élèves quand des nuisances environnementales compromettent leur apprentissage ? Ces questions cruciales restent sans réponse, tandis que l’avenir de nombreux bénéficiaires du centre reste incertain.

Face à l’inaction des autorités, les responsables du Centre Simama se voient contraints d’envisager les voies judiciaires. Cette démarche, bien que légitime, soulève une interrogation troublante : pourquoi faut-il en arriver à des procédures judiciaires pour faire respecter des droits aussi fondamentaux ? La protection des personnes handicapées devrait-elle vraiment nécessiter des batailles juridiques ?

Cette crise au centre simama kisangani dépasse le cadre local et pose des questions essentielles sur la place accordée aux personnes handicapées dans notre société. L’occupation illégale des abords du boulevard Lumumba n’est que la partie visible d’un problème plus profond : la difficulté persistante à garantir des espaces sécurisés et adaptés aux plus vulnérables.

Alors que la protestation du centre médicosocial se poursuit, une inquiétude grandit parmi les familles des bénéficiaires. Jusqu’à quand devront-ils se battre pour préserver leur droit à l’éducation et aux soins ? Quand les autorités comprendront-elles que protéger des institutions comme le Centre Simama, c’est protéger l’âme même de notre société ?

La détermination des enseignants, soignants et élèves face à cette occupation illégale témoigne d’une résilience remarquable. Mais leur combat ne devrait pas être nécessaire. Dans un État de droit, la protection des personnes handicapées et le respect des institutions qui les accompagnent devraient aller de soi. Le silence des autorités face à cette situation criante d’injustice en dit long sur les priorités qui animent notre société.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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