Dans un contexte de pression sociale croissante, le Président Félix Tshisekedi a officiellement lancé ce mardi 18 novembre à Kinshasa la Table ronde nationale sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes. Cette initiative présidentielle, présentée comme une réponse aux défis structurels du chômage juvénile, mobilise l’ensemble des acteurs institutionnels, économiques et sociaux congolais autour d’un objectif ambitieux : créer des opportunités professionnelles durables pour la jeunesse congolaise.
Le chef de l’État a personnellement souligné l’urgence de cette démarche collective. « J’ai souhaité la tenue de cette table ronde nationale afin que nous puissions ensemble définir des stratégies unifiées et arrêter des mesures concrètes au service de la jeunesse », a déclaré Félix Tshisekedi, dans un discours où transparaissait la conscience des enjeux politiques sous-jacents. La question de l’emploi des jeunes en RDC représente en effet un défi de taille pour la stabilité du gouvernement, dont la crédibilité se joue partiellement sur sa capacité à répondre aux aspirations légitimes de cette frange majoritaire de la population.
Le président a reconnu avec une certaine lucidité l’existence de nombreuses initiatives déjà en place : programmes publics, projets soutenus par des partenaires internationaux, incubateurs, centres de formation, et actions menées par le secteur privé ou les organisations de jeunesse. Cependant, cette profusion d’efforts semble avoir atteint ses limites. « Ces initiatives restent souvent dispersées, insuffisamment coordonnées, parfois ponctuelles, parfois limitées à certaines zones urbaines, laissant de côté de vastes territoires ruraux », a-t-il concédé, pointant du doigt l’inefficacité structurelle des politiques précédentes en matière d’emploi des jeunes en RDC.
La table ronde se présente donc comme une tentative de rationalisation et de coordination des efforts en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes congolais. Mais au-delà de la simple déclaration d’intentions, cette initiative peut-elle véritablement « renverser la dynamique » comme l’affirme le président ? La fragmentation des actions et l’absence de vision cohérente ont longtemps caractérisé les approches gouvernementales en la matière. Cette nouvelle concertation parviendra-t-elle à surmonter les écueils traditionnels de la gouvernance congolaise ?
L’enjeu dépasse largement la simple question technique de l’emploi. Il s’agit ni plus ni moins d’une bataille pour la légitimité politique. En prenant personnellement la direction de ces assises, Félix Tshisekedi engage sa responsabilité directe dans la recherche de solutions concrètes. L’échec de cette table ronde nationale sur l’emploi pourrait en effet fragiliser durablement la crédibilité présidentielle sur un sujet particulièrement sensible pour l’opinion publique congolaise.
Les attentes sont immenses dans un pays où la jeunesse représente à la fois une promesse de développement et une menace potentielle d’instabilité sociale. Les politiques d’emploi au Congo doivent impérativement dépasser le stade des discours pour produire des effets tangibles sur le terrain. La réussite de cette initiative jeunesse Tshisekedi se mesurera à l’aune des réalisations concrètes qui en découleront, et non par la seule tenue de ces assises.
La coordination des acteurs institutionnels, économiques et sociaux représente un défi majeur. Comment assurer la cohérence des actions entre les ministères concernés, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé et la société civile ? La table ronde devra impérativement déboucher sur un cadre opérationnel clair, avec des mécanismes de suivi robustes et des indicateurs de performance mesurables.
L’inclusion des zones rurales dans les stratégies d’emploi et d’entrepreneuriat des jeunes constitue un autre défi de taille. Les initiatives passées ont souvent privilégié les centres urbains au détriment des régions périphériques, creusant ainsi les inégalités territoriales. Les nouvelles politiques devront nécessairement intégrer une approche décentralisée pour répondre aux spécificités de chaque territoire.
À l’issue de ces travaux, le gouvernement devra présenter un plan d’action concret avec des échéances précises et des engagements financiers clairement identifiés. La jeunesse congolaise, souvent sceptique face aux promesses politiques, attend des preuves tangibles de l’engagement présidentiel. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette table ronde nationale sur l’emploi marque un tournant dans les politiques jeunesse ou si elle rejoindra le long cortège des initiatives avortées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
