« Je vis dans un camp de déplacés depuis trois ans, loin de ma terre natale. Retourner chez moi reste un rêve lointain », témoigne Jean-Bosco, un habitant de Goma déplacé par les violences. Ce cri du cœur résonne avec l’actualité humanitaire en République démocratique du Congo, où la question des réfugiés et déplacés internes prend une dimension alarmante.
Mardi 18 novembre 2025, une rencontre cruciale s’est tenue à Kinshasa entre la Première ministre Judith Suminwa et le Directeur régional du HCR, Abdouraouf Gnon-Konde. Les chiffres annoncés donnent le vertige : la RDC accueille près de 510 000 réfugiés, principalement en provenance du Rwanda, mais aussi d’autres pays d’Afrique centrale. Dans le même temps, environ 1,2 million de Congolais ont trouvé refuge dans les pays voisins, créant une situation humanitaire complexe où la RDC est à la fois terre d’accueil et source d’exode.
Comment expliquer cette double réalité ? La situation géopolitique de l’Est congolais, marquée par des décennies de conflits armés et d’instabilité, crée un flux constant de populations en mouvement. Les déplacés internes de l’Est Congo représentent l’un des défis humanitaires les plus pressants pour le gouvernement congolaise et ses partenaires internationaux.
« Le HCR facilite le retour des populations, mais soutient également leur réintégration dans le tissu social et économique, en veillant au respect des textes de loi », a souligné Abdouraouf Gnon-Konde lors de sa déclaration à la presse. Cette approche intégrée montre une évolution dans la gestion des crises migratoires : au-delà de l’urgence humanitaire immédiate, c’est la reconstruction durable des communautés qui est visée.
La réintégration des populations déplacées représente un enjeu colossal. Comment recréer du lien social dans des régions dévastées par des années de violence ? Comment redonner accès à la terre, à l’emploi, aux services de base à ceux qui ont tout perdu ? La réponse du HCR et du gouvernement congolais s’articule autour d’un accompagnement multidimensionnel, combinant soutien matériel, appui juridique et reconstruction des infrastructures communautaires.
Judith Suminwa a profité de cette rencontre pour exhorter le HCR à renforcer son impact sur le terrain. La Première ministre congolaise semble consciente de l’urgence : dans les provinces de l’Est, des milliers de familles survivent dans des conditions précaires, leur avenir suspendu aux aléas des négociations politiques et de l’aide internationale. La situation humanitaire en RDC nécessite des actions concrètes et rapides, au-delà des déclarations d’intention.
Les défis persistent malgré les efforts déployés. La réintégration des populations déplacées se heurte à de nombreux obstacles : insécurité persistante dans certaines zones, difficultés d’accès aux terres agricoles, manque de services de santé et d’éducation, et parfois réticences des communautés d’accueil. Comment construire une paix durable dans ce contexte ?
La collaboration entre le gouvernement congolais et le HCR semble prendre une nouvelle dimension avec l’arrivée de Judith Suminwa à la primature. Sa rencontre avec le responsable du HCR pourrait marquer un tournant dans la gestion de la crise des déplacés internes en RDC. Les réfugiés RDC HCR attendent maintenant des actes concrets qui transformeront leurs vies.
Au-delà des chiffres et des déclarations officielles, c’est le destin de millions de personnes qui se joue dans ces discussions. La réintégration des populations déplacées n’est pas seulement une question humanitaire – c’est un impératif pour la stabilité et le développement de toute la région. Le succès de cette politique conditionnera l’avenir de l’Est congolais et, par extension, de toute la République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
