Une crise sanitaire silencieuse frappe le quartier Pakanza dans la commune rurale d’Oicha, à environ 30 km de Beni au Nord-Kivu. La principale source d’eau potable de cette localité a été officiellement déclarée impropre à la consommation depuis deux semaines, plongeant plus de 35 000 habitants dans une situation d’urgence hydrique.
Comment une communauté entière peut-elle se retrouver privée de sa ressource vitale principale ? La réponse réside dans les résultats alarmants d’analyses effectuées il y a trois mois. Les échantillons prélevés dans cette source aménagée ont révélé une présence massive de coliformes, ces bactéries indicatrices d’une contamination fécale particulièrement dangereuse pour la santé humaine.
Archippe Kyusa, infirmier chargé de la surveillance épidémiologique dans la zone de santé d’Oicha, tire la sonnette d’alarme : « Pour cette eau-là, il y avait beaucoup de coliformes. C’est-à-dire qu’elle est impropre à la consommation. Nous pensons qu’il faut installer une pancarte pour informer officiellement ceux qui savent lire que cette eau n’est pas à boire, mais qu’elle peut être utilisée pour d’autres activités domestiques ».
Mais comment cette contamination s’est-elle produite ? Les coliformes, ces micro-organismes qui servent d’indicateurs de pollution fécale, se sont développés dans la source de Pakanza, transformant ce qui était autrefois un point d’eau potable en un véritable réservoir à pathogènes. Cette pollution microbiologique est directement responsable de plusieurs cas de maladies hydriques enregistrés au cours des trois derniers mois dans le quartier.
Face à cette contamination de l’eau à Beni, les autorités sanitaires recommandent des mesures de précaution strictes. L’utilisation de produits de traitement comme Aqua Tablet ou du chlore avant toute consommation devient une nécessité absolue. Pour ceux qui n’ont pas accès à ces produits, la pratique de l’ébullition de l’eau reste la méthode de secours la plus accessible.
La situation à Pakanza illustre tragiquement la crise de l’eau qui frappe le Nord-Kivu. Ce quartier populaire et densément peuplé se trouve confronté à une crise sanitaire latente, l’absence d’alternatives fiables d’approvisionnement en eau potable rendant la situation particulièrement préoccupante. Les maladies hydriques en RDC représentent déjà un fléau majeur de santé publique, et cette nouvelle contamination risque d’aggraver considérablement la situation.
Les autorités sanitaires lancent un appel à la mobilisation communautaire et réclament un soutien logistique accru pour prévenir une éventuelle flambée épidémique. La source contaminée d’Oicha doit devenir une priorité pour les acteurs de la santé publique et les organisations humanitaires intervenant dans la région.
Combien de temps encore les habitants de Pakanza devront-ils vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête ? La réponse à cette question dépendra de la rapidité avec laquelle les autorités et la communauté internationale réagiront à cette urgence sanitaire. La prévention des maladies hydriques en RDC passe nécessairement par la sécurisation des points d’eau comme celui de Pakanza, dont la contamination met en lumière les défis immenses auxquels fait face le système d’approvisionnement en eau dans le Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
