La République Démocratique du Congo vient d’écrire une nouvelle page de son histoire économique internationale. La deuxième édition du DRC Forum California, initialement prévue en septembre mais reportée à la demande de la Présidence de la République, s’est finalement tenue avec succès du 17 au 22 octobre 2025 dans l’épicentre mondial de l’innovation : la Silicon Valley.
Quelle stratégie se cache derrière ce déplacement d’envergure ? L’objectif affiché est clair : positionner la RDC comme « pays-solution » de la transition énergétique mondiale. Une vision ambitieuse portée par la DRC Forum Foundation en collaboration avec la FEC, visant à connecter les ressources naturelles critiques du Congo à l’écosystème d’innovation le plus influent de la planète.
La délégation congolaise, menée par M. Lino N’Shimba, Chairman de la DRC Forum Foundation, et M. Nassor Bin Kasongo, Président de la Chambre des Mines de la RDC, a démontré une coordination remarquable entre secteurs public et privé. Parmi les participants figuraient des dirigeants d’institutions clés comme COMINIERE, ARSP, et plusieurs entreprises minières stratégiques.
Le premier jour a marqué le ton avec des dialogues stratégiques de haut niveau à l’université de Stanford. La table ronde co-pilotée par M. Kurt House, Founder & CEO de KoBold Metals – plus grand concessionnaire minier américain opérant en RDC – a envoyé un signal fort. « Le gouvernement américain accorde une importance stratégique à la relation RDC-USA », a déclaré M. House, soulignant le soutien aux entreprises américaines investissant en RDC.
Le deuxième jour a consacré l’immersion industrielle avec une visite hautement symbolique au siège de Tesla. Cette étape cruciale a permis des échanges stratégiques sur l’approvisionnement en cobalt congolais, minerai essentiel à la production de véhicules électriques. La délégation a bénéficié d’une session privée et de tests de conduite, renforçant ainsi le dialogue direct avec le géant des véhicules électriques.
La visite chez ACCEEP a confirmé la matérialisation des partenariats. Un projet historique de production de 10 MW pour chacun des 145 territoires de la RDC a été mis en route, s’ajoutant au projet de 1 000 MW dans le Haut-Katanga initié lors de la première édition. Comment la RDC pourrait-elle tirer profit de cette coopération énergétique renforcée ?
Le troisième jour a scellé la dimension institutionnelle de cette mission. Des réunions stratégiques avec le Department of General Services – équivalent californien de l’ARSP – et une audience officielle à l’Assemblée Nationale de Californie ont jeté les bases de coopérations durables. La rencontre avec le ministère californien de l’Agriculture, première puissance agricole américaine, ouvre de nouvelles perspectives de diversification économique.
Le partenariat Silicon Valley dépasse ainsi le simple cadre minier. Les discussions avec la California State Transportation Agency préparent un accord avec l’ACGT, tandis que les échanges avec le port d’Oakland – troisième port américain – explorent un jumelage potentiel avec le port de Matadi.
Selon M. Papy Kaimby de MKT Advance, témoin privilégié des négociations, « toutes les conditions ont été réunies pour transformer ces alliances en projets structurants ». Malgré l’absence de certains officiels congolais, la mission a rempli ses objectifs : positionner la RDC comme acteur clé de la transition énergétique, ouvrir des canaux directs avec les décideurs californiens et initier des accords majeurs.
Cette édition du DRC Forum California marque un tournant dans la stratégie économique internationale de la RDC. En connectant directement les ressources congolaises aux innovateurs californiens, le pays s’insère progressivement dans les chaînes de valeur mondiales. La troisième édition, déjà programmée pour 2026 avec une dimension panafricaine, promet d’amplifier cette dynamique vers l’industrialisation et l’intégration régionale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
