La fumée s’élevait déjà au-dessus du quartier Koyo lorsque les premiers voisins ont pris conscience de la tragédie. Dans cette modeste maison de Kasumbalesa, quatre jeunes vies s’éteignaient dans les flammes, enfermées sans possibilité de fuite. Leur seul crime ? Avoir été laissés seuls par des parents partis travailler.
« Nous avons tout tenté pour les sauver », raconte un voisin, la voix brisée par l’émotion. « La barrière était cadenassée, la porte verrouillée. Quand nous avons finalement réussi à entrer, il était trop tard. Les flammes avaient déjà tout ravagé. » Ce témoignage poignant illustre le drame qui a frappé cette famille et toute la communauté de Kasumbalesa.
Comment en est-on arrivé là ? Dans une région où la précarité économique pousse de nombreux adultes à travailler loin de chez eux, la pratique d’enfermer les enfants à la maison pendant les absences parentales reste malheureusement courante. Cette stratégie de protection, destinée à mettre les plus jeunes à l’abri des dangers extérieurs, s’est transformée en piège mortel face à l’incendie.
Le maire de Kasumbalesa, André Kapampa, ne cache pas son amertume. « Nous lançons un appel solennel à tous les parents : cesser immédiatement cette pratique dangereuse. Aucun gain économique ne justifie de mettre en péril la vie de nos enfants. » Les autorités locales ont ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de cet incendie, même si la piste d’un court-circuit électrique semble privilégiée.
Cette tragédie soulève des questions fondamentales sur la sécurité des enfants en République Démocratique du Congo. Dans un pays où les structures d’accueil pour les jeunes enfants restent rares et souvent inaccessibles financièrement, que font les parents qui doivent travailler ? Comment concilier obligations professionnelles et sécurité des enfants ?
Derrière les quatre petites vies perdues, c’est tout un système de précarité sociale qui se révèle. L’absence de solutions alternatives de garde d’enfants, la fragilité des infrastructures électriques, le manque d’éducation aux risques domestiques – autant de facteurs qui contribuent à créer des situations potentiellement mortelles.
Les habitants de Kasumbalesa, profondément marqués par ce drame, commencent à s’organiser. Des initiatives communautaires voient le jour, avec des systèmes de surveillance collective et d’entraide entre voisins. « Nous devons trouver des solutions ensemble », explique une habitante du quartier. « Personne ne devrait avoir à choisir entre nourrir sa famille et protéger ses enfants. »
Ce terrible incendie de Kasumbalesa nous rappelle cruellement que la sécurité des enfants est l’affaire de tous. Au-delà de la recherche des responsabilités individuelles, c’est une réflexion collective sur nos modes d’organisation sociale qui s’impose. Comment construire une société où les parents n’auront plus à prendre ce genre de risques pour subvenir aux besoins de leur famille ?
Alors que les familles endeuillées enterrent leurs enfants, une question demeure : cette tragédie suffira-t-elle à faire évoluer les mentalités et les pratiques ? Ou attendrons-nous le prochain drame pour nous mobiliser véritablement ? La sécurité des enfants mérite plus qu’un simple rappel à la prudence – elle exige des solutions concrètes et accessibles à tous.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
