Dans un contexte où les conflits armés menacent l’accès aux soins de santé essentiels, une initiative novatrice voit le jour dans le Sud-Kivu. Des cliniques mobiles spécialisées en soins maternels parcourent actuellement les zones rurales et périurbaines touchées par la guerre, apportant une lueur d’espoir aux femmes enceintes et aux nouveau-nés.
Comment assurer des soins maternels de qualité dans des régions où les structures sanitaires sont fragilisées par les violences ? La réponse vient des sages-femmes du Sud-Kivu qui ont déployé des unités mobiles équipées pour renforcer les maternités locales. Ces cliniques itinérantes représentent une solution adaptée aux réalités complexes des zones en conflit.
Actuellement concentrées dans le territoire de Kalehe, ces équipes médicales mobiles resteront deux mois dans la région avant de se déplacer vers Walungu, plus précisément dans les localités de Kaniola et Mubumbano. Ce déploiement stratégique permet de couvrir progressivement les zones les plus vulnérables où les soins de santé reproductive sont souvent compromis.
Nestor Bafunyembaka, vice-président de la corporation des sages-femmes du Sud-Kivu, souligne l’importance de cette mission : « Nous renforçons la capacité des sages-femmes sur le terrain. Ce sont des mentors, des formatrices qui travaillent directement dans les maternités pour aider les personnels locaux à se mettre à niveau. »
L’approche adoptée est particulièrement innovante car elle intègre des techniques spécifiquement adaptées aux contextes de guerre, notamment pour la prise en charge des violences sexuelles et basées sur le genre. Les équipes disposent de kits et de matériels spécialement conçus pour ces situations d’urgence, permettant d’assurer des soins appropriés malgré les conditions difficiles.
La formation des sages-femmes locales constitue un aspect crucial de cette intervention. En effet, ces professionnelles de santé sont souvent les premières, et parfois les seules, à pouvoir assister les femmes lors des accouchements dans ces régions reculées. Leur formation continue est donc essentielle pour réduire la mortalité maternelle et infantile.
Mais cette mission humanitaire rencontre des défis majeurs, notamment en matière de sécurité. Les autorités locales et gouvernementales sont appelées à garantir la protection des équipes médicales qui s’aventurent dans des zones parfois instables. La sécurité du personnel soignant reste une condition sine qua non pour la pérennité de ces interventions vitales.
Le succès de la phase pilote dans les zones de santé de Kavumu, Karhanda et Fomulac Katana démontre l’efficacité de cette approche mobile. Ces cliniques ambulantes ne se contentent pas de fournir des soins directs, mais établissent également un système de mentorat qui renforce durablement les compétences des professionnels de santé locaux.
Dans une région où près de 70% des structures de santé ont été affectées par les conflits, ces cliniques mobiles représentent une bouée de sauvetage pour des milliers de femmes. Elles permettent de combler le fossé entre les besoins croissants en soins maternels et la capacité réduite des établissements de santé traditionnels.
Cette initiative soulève cependant une question fondamentale : comment assurer la continuité des soins une fois les cliniques mobiles parties ? La réponse réside dans le transfert de compétences et le renforcement des systèmes locaux, garantissant ainsi que les bénéfices de cette intervention perdurent bien au-delà de la présence des équipes itinérantes.
Alors que la mission se poursuit à Kalehe, les regards sont tournés vers l’avenir, espérant que ce modèle puisse être reproduit dans d’autres provinces confrontées à des défis similaires. La santé des mères et des enfants mérite en effet toute notre attention, particulièrement dans ces régions où la guerre a trop souvent relégué les soins essentiels au second plan.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
