Dans la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu, une atmosphère d’espoir mêlée d’urgence régnait ce mardi. Des représentants de la société civile, des mouvements citoyens et des confessions religieuses unissaient leurs voix pour lancer une campagne citoyenne historique pour la paix dans l’Est de la RDC. Cette initiative arrive à un moment crucial où les communautés du Sud-Kivu et d’autres provinces orientales vivent au rythme des conflits armés récurrents.
« Nous ne pouvons plus rester silencieux face à la souffrance de nos populations », témoigne un participant, la voix chargée d’émotion. « Chaque jour apporte son lot de déplacés, de villages incendiés, de vies brisées. Cette campagne citoyenne pour la paix représente notre cri collectif pour un avenir meilleur. »
Miki Mutiki, l’un des initiateurs de cette mobilisation, explique la vision derrière ce mouvement : « Notre objectif va au-delà des simples déclarations d’intention. Nous travaillons à établir un agenda social de paix qui intègre toutes les dimensions de la vie des communautés affectées. Comment parler de paix quand les besoins sociaux fondamentaux ne sont pas satisfaits ? Comment envisager la stabilité sans développement économique ? »
La particularité de cette campagne citoyenne paix réside dans son approche inclusive. Elle positionne les acteurs sociaux non comme de simples spectateurs, mais comme des parties prenantes essentielles dans les processus de résolution des conflits Est RDC. « Trop souvent, les discussions sur la paix se déroulent dans des cercles fermés, éloignés des réalités quotidiennes des populations », déplore une femme leader communautaire.
Le cadre de concertation de la société civile RDC insiste sur l’importance de cette approche bottom-up. Les communautés directement affectées par les violences deviennent ainsi les architectes de leur propre destinée pacifique. Cette méthodologie interactive promet de travailler sans relâche à construire une paix qui ne soit pas seulement l’absence de guerre, mais la présence de conditions de vie dignes pour tous.
Mais quels sont les défis concrets que cette initiative cherche à relever ? La réponse se trouve dans les rues de Bukavu et dans les camps de déplacés qui entourent la ville. Les besoins sociaux criants, l’absence d’opportunités économiques pour les jeunes, la destruction des infrastructures culturelles et les dégâts environnementaux constituent autant d’obstacles à une paix durable.
« Notre agenda social paix doit répondre à ces préoccupations multiples », souligne Miki Mutiki. « Nous ne pouvons pas dissocier la sécurité des personnes du développement de leurs communautés. Les processus de paix en cours doivent intégrer cette vision holistique si nous voulons voir la stabilité s’installer durablement dans l’Est du pays. »
La société civile RDC, à travers cette campagne, entend jouer un rôle de veille citoyenne. Elle se positionne comme un pont entre les communautés locales et les instances décisionnelles, garantissant que la voix des premiers concernés ne soit pas étouffée dans les négociations. Cette approche pourrait-elle révolutionner la manière dont on aborde la résolution des conflits dans la région ?
Les initiateurs de la campagne restent réalistes mais déterminés. Ils savent que le chemin vers la paix est semé d’embûches, mais leur engagement sans relâche témoigne d’une conviction profonde : la solution aux conflits armés ne viendra pas uniquement des pourparlers politiques, mais aussi de la mobilisation des forces vives de la société.
Alors que le soleil se couchait sur Bukavu ce mardi historique, une question demeurait dans tous les esprits : cette campagne citoyenne marquera-t-elle un tournant décisif dans la quête de paix pour l’Est de la RDC ? La réponse se construira jour après jour, dans la persévérance des acteurs sociaux et dans l’espoir renouvelé des communautés qui aspirent enfin à vivre en sécurité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
