Le parc marin des Mangroves, sanctuaire écologique classé zone protégée depuis 1992, subit une pression insidieuse qui menace son existence même. Une enquête menée par la PPLAAF et le Bureau of Investigative Journalism révèle l’ombre inquiétante de plusieurs entreprises, dont la société chinoise Congo Dihao Sarlu, planant sur ce joyau environnemental congolais.
Comment une zone protégée peut-elle devenir la cible d’activités potentiellement destructrices ? La réponse semble se nicher dans les interstices des déclarations officielles et des réalités du terrain. Congo Dihao Sarlu, société de transport créée en août 2019, se défend avec véhémence contre les accusations portées dans le rapport. Mais les dénégations successives soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses.
La société affirme détenir « toutes les autorisations nécessaires » pour son port, mais reste étonnamment évasive concernant les activités réelles qui y transitent. Le bois rose africain, essence précieuse au cœur des préoccupations environnementales, semble être le point névralgique de cette affaire. Congo Dihao reconnaît que « les bois d’œuvre qui passent par notre port sont régulièrement exportés », tout en niant farouchement toute implication dans l’exploitation forestière.
Cette contradiction apparente interpelle. Comment une entreprise de transport peut-elle ignorer la provenance et la légalité des produits qu’elle exporte ? La protection du parc marin des mangroves en RDC exige pourtant une vigilance absolue. Ces écosystèmes uniques constituent non seulement des puits de carbone essentiels dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi des barrières naturelles contre l’érosion côtière.
L’enquête PPLAAF met en lumière des connexions troublantes et des zones d’ombre persistantes. La société réfute tout lien avec Maniema Union, mais les questions sur les flux de bois rose africain demeurent. Les mangroves congolaises, véritables poumons bleus de la région, peuvent-elles survivre à cette pression commerciale grandissante ?
La réponse de Congo Dihao Sarlu, publiée quelques heures seulement après la révélation de l’enquête, témoigne de la sensibilité du dossier. L’entreprise en appelle à l’État congolais comme seul habilité à fournir des statistiques précises, tout en rejetant les allegations comme de simples « rumeurs ». Pendant ce temps, le parc marin des mangroves continue de subir une pression silencieuse mais constante.
La protection environnementale au Congo se trouve à la croisée des chemins. D’un côté, des textes légaux censés préserver ces écosystèmes fragiles. De l’autre, des activités commerciales qui, sous couvert de légalité, pourraient menacer l’intégrité même de ces zones protégées. Les services de l’État, cités par Congo Dihao comme garants de la régularité des opérations, sauront-ils résister à la pression économique ?
Cette affaire dépasse le simple cas d’une entreprise. Elle questionne la capacité de la RDC à concilier développement économique et protection de son patrimoine naturel unique. Les mangroves congolaises, trésor écologique au rôle climatique crucial, méritent mieux que des déclarations rassurantes et des dénégations convenues. L’urgence écologique commande une transparence totale et des actions concrètes.
Alors que la communauté internationale intensifie ses efforts pour la préservation des écosystèmes marins, la RDC se doit d’être exemplaire dans la gestion de son parc marin des mangroves. Les enquêtes comme celle de PPLAAF jouent un rôle essentiel dans cette nécessaire transparence. Reste à savoir si les autorités congolaises sauront tirer les conséquences de ces révélations et renforcer la protection effective de ce sanctuaire naturel en péril.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
