La situation sécuritaire se dégrade dangereusement dans le territoire de Shabunda, au Sud-Kivu, où les populations civiles subissent des exactions répétées de la part de groupes armés. Les habitants du village de Penekusu vivent sous la coupe du colonel autoproclamé JP, affilié au groupe dirigé par le général autoproclamé Pumbafu, dont les méthodes rappellent les pires heures de l’insécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Selon plusieurs témoignages recueillis auprès de sources locales, cette milice impose un système de taxation illégal fondé sur des infractions purement fictives. Comment une région peut-elle se développer lorsque ses habitants doivent constamment vivre dans la peur de devoir payer pour des délits imaginaires ? Les montants exigés oscillent entre 20 000 et 50 000 francs congolais, des sommes considérables pour des populations rurales déjà précaires.
L’un des cas les plus révélateurs de ces abus milice concerne les intempéries. Lorsqu’un ouragan emporte la toiture d’une habitation, le propriétaire se voit accusé de négligence et contraint de verser une amende pouvant atteindre 50 000 francs congolais, accompagnée de deux coqs. Cette pratique aberrante illustre jusqu’où peut aller l’arbitraire du colonel JP dans son système d’extorsion.
La crise sécurité RDC Est prend une dimension particulièrement inquiétante avec l’implication des établissements scolaires. À Kiluza, village situé à 48 kilomètres de Penekusu, des élèves sont régulièrement arrêtés pour non-paiement des frais de « contrôle de dossier scolaire ». Ces arrestations élèves Kiluza constituent une violation flagrante des droits fondamentaux des enfants et compromettent gravement leur avenir éducatif.
Des sources administratives et des représentants de la société civile confirment l’ampleur de ces amendes arbitraires Sud-Kivu. « La population est prise en étau entre la peur des représailles et l’impossibilité de satisfaire des demandes toujours plus nombreuses », témoigne un acteur local sous couvert d’anonymat. Comment les autorités peuvent-elles laisser perdurer une telle situation d’impunité ?
Les exactions du colonel JP ne se limitent pas aux extorsions financières. Les déplacements entre les localités sont entravés par des barrières illégales où les miliciens exigent des droits de passage. Les cultivateurs doivent abandonner une partie de leur récolte, les éleveurs sont contraints de céder du bétail, créant ainsi une économie de la peur qui paralyse progressivement toute la région.
Face à cette escalade des violences, les communautés locales lancent un appel désespéré aux autorités provinciales et nationales. L’enclavement de la zone complique considérablement l’intervention des forces de l’ordre, mais l’urgence sécuritaire exige une réponse immédiate. Jusqu’où devra-t-on attendre avant de voir une action concrète pour protéger ces populations abandonnées à leur sort ?
La situation à Shabunda représente un défi majeur pour la stabilisation de l’Est de la RDC. Ces abus répétés menacent non seulement la cohésion sociale mais également les efforts de développement dans une région déjà fragilisée par des années de conflits. Les colonel JP exactions s’inscrivent dans un schéma plus large d’instabilité qui requiert une approche coordonnée entre forces de sécurité, administration territoriale et acteurs humanitaires.
Alors que la communauté internationale se concentre sur les grands enjeux sécuritaires dans la région, la détresse quotidienne des populations de Shabunda passe souvent inaperçue. Pourtant, c’est précisément dans ces zones reculées que se joue une partie essentielle de la bataille pour la paix et la stabilité en République Démocratique du Congo. Le temps est-il venu de repenser la stratégie sécuritaire dans ces territoires oubliés ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
