La République Démocratique du Congo vient de franchir une étape déterminante dans son partenariat financier avec le Fonds Monétaire International. L’accord au niveau des services sur la deuxième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit et la première revue de la Facilité pour la résilience et la durabilité marque un tournant dans la consolidation des réformes structurelles engagées par les autorités congolaises.
Ce développement intervient après une mission intensive du FMI qui s’est déroulée du 22 octobre au 5 novembre 2025, alternant entre le Haut-Katanga et Kinshasa. La validation de cet accord préliminaire ouvre la voie à un décaissement potentiel de près de 400 millions de dollars américains, une bouffée d’oxygène significative pour les finances publiques congolaises.
Lors du Conseil des ministres du 7 novembre 2025, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a salué ces avancées tout en appelant à une accélération des réformes, particulièrement dans la mobilisation des recettes intérieures et la rationalisation des dépenses publiques. « Dans le but de consolider la trajectoire de discipline budgétaire retrouvée, la Première ministre a chargé le Vice-Premier ministre, ministre du Budget, ainsi que le ministre des Finances, de procéder à un réajustement du plan de trésorerie et du plan d’engagement budgétaire du dernier trimestre 2025 », précise le compte-rendu officiel.
Mais quelles sont les implications concrètes de cet accord pour l’économie congolaise ? Au-delà du soutien immédiat à la balance des paiements, cet accompagnement du FMI s’inscrit dans une vision à moyen terme de stabilisation macroéconomique. Le programme triennal initial de 1,5 milliard USD, conclu en 2021, a déjà permis une amélioration notable des réserves internationales, passées de 1,7 à 6 milliards USD.
La dimension climatique intégrée dans la Facilité pour la résilience et la durabilité représente une innovation majeure dans la coopération financière internationale avec la RDC. Cette approche holistique vise à renforcer simultanément la gouvernance économique et la résilience environnementale, créant ainsi les conditions d’une croissance durable.
L’accent mis sur la transparence et la rigueur budgétaire par la Première ministre répond aux exigences fondamentales du FMI tout en s’alignant sur les priorités nationales de bonne gouvernance. La responsabilité individuelle et collective des membres du gouvernement devient ainsi le pilier de la crédibilité de la politique budgétaire congolaise.
Ce nouvel épisode dans la relation FMI-RDC intervient seulement quatre mois après la conclusion de la première revue de l’accord FEC en juillet 2025, qui avait permis un décaissement immédiat de 190,4 millions de DTS (environ 261,9 millions USD). La rapidité avec laquelle les autorités congolaises progressent dans la mise en œuvre des réformes témoigne d’une volonté politique affirmée de normalisation des finances publiques.
L’approbation finale par la Direction générale et le Conseil d’administration du FMI, prévue pour décembre 2025, constituera le véritable test de crédibilité pour le programme de réformes. La communauté financière internationale observera avec attention la capacité de la RDC à maintenir le cap des disciplines budgétaires dans un contexte économique mondial encore marqué par l’incertitude.
Les programmes FEC et FRD représentent plus qu’une simple assistance financière : ils incarnent une feuille de route stratégique pour la transformation structurelle de l’économie congolaise. L’intégration réussie de ces réformes pourrait positionner la RDC comme un modèle de gestion économique responsable en Afrique centrale, attirant ainsi davantage d’investissements étrangers directs.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
