La médecine congolaise franchit un cap historique avec la création officielle de la Société congolaise de stomatologie, de chirurgie maxillo-faciale et de chirurgie orale. Cet événement marquant, survenu le 5 novembre à Kinshasa, ouvre une nouvelle ère pour les soins spécialisés des pathologies de la bouche, des dents et du visage en République Démocratique du Congo.
Mais que recouvrent exactement ces spécialités médicales encore méconnues du grand public ? La stomatologie concerne l’ensemble des affections de la cavité buccale et des dents, tandis que la chirurgie maxillo-faciale s’intéresse aux structures complexes du visage et du cou. Imaginez un instant les traumatismes faciaux suite aux accidents de la route, les malformations congénitales ou les tumeurs buccales – autant de situations où ces spécialistes interviennent pour restaurer fonction et esthétique.
Le Professeur Albert Ntima, président fondateur de cette nouvelle société savante, souligne l’urgence de cette structuration professionnelle. « La création de cette société savante va remettre les choses à leur place pour une meilleure prise en charge de la population », affirme-t-il avec conviction. Son plaidoyer auprès du Conseil national de l’Ordre des médecins vise à clarifier les critères d’exercice de ces spécialités, garantissant ainsi des standards de qualité aux patients.
Dans un pays où les traumatismes faciaux restent fréquents et où l’accès aux soins bucco-dentaires spécialisés demeure limité, cette initiative arrive à point nommé. La chirurgie maxillo-faciale, explique le Pr Ntima, « couvre toutes les pathologies de la face et du cou, allant de l’enveloppe cutanée jusqu’aux structures osseuses profondes ». Une définition qui révèle l’étendue du champ d’action de ces spécialistes.
L’hommage rendu aux pionniers de la discipline – les professeurs Muvova, Dilu et Kandi Kandi – rappelle que ces spécialités ne naissent pas ex nihilo en RDC. Leur travail de fond, leur engagement dans la formation des jeunes générations ont pavé la voie à cette reconnaissance institutionnelle. Ce diplôme d’honneur décerné à titre posthume symbolise la continuité du savoir médical congolais.
Quels bénéfices concrets les Congolais peuvent-ils attendre de cette structuration ? D’abord, une meilleure organisation des soins spécialisés à Kinshasa et dans les provinces. Ensuite, la définition de protocoles de prise en charge standardisés pour les pathologies complexes. Enfin, la promotion de la recherche scientifique locale dans des domaines où les spécificités congolaises nécessitent des approches adaptées.
La tenue de ce lancement lors du 13ᵉ congrès de l’Association des anciens de la faculté de médecine de l’UNIKIN n’est pas anodine. Elle souligne l’importance de l’excellence académique et de la formation continue dans l’amélioration du système de santé. Les spécialistes présents ont pu échanger sur les dernières avancées dans le traitement des cancers buccaux, des traumatismes faciaux et des malformations congénitales.
À l’heure où la demande en soins bucco-dentaires de qualité ne cesse de croître en RDC, cette société savante représente un espoir tangible pour des milliers de patients. Les pathologies dentaires négligées, les retards de prise en charge des traumatismes, les difficultés d’accès aux soins spécialisés en région – autant de défis que cette nouvelle structure entend relever.
La route reste longue, certes, mais cette officialisation marque une étape cruciale vers la reconnaissance pleine et entière de ces spécialités médicales essentielles. Elle démontre également la capacité du secteur médical congolais à s’organiser pour répondre aux besoins spécifiques de sa population.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
