Les cris de détresse résonnent dans la nuit pluvieuse de Katogota. « Nous avons tout perdu en quelques minutes », témoigne une mère de famille, les vêtements trempés collés à la peau, serrant contre elle son dernier bien sauvé des eaux. Comme elle, une centaine de ménages se retrouvent brutalement sans abri après les pluies diluviennes qui se sont abattues mardi sur ce territoire d’Uvira, au Sud-Kivu.
La nature s’est déchaînée avec une violence rare, transformant les rues en torrents impétueux et réduisant en miettes des vies patiemment construites. Les forces vives locales dressent un bilan alarmant : 143 habitations détruites, des écoles endommagées, l’église de la 8ᵉ CEPAC Katogota rayée de la carte. Comment ces familles vont-elles se relever d’un tel cataclysme ?
Mulala Ngwasi Delphin, coordinateur de l’UPDI, la voix empreinte d’urgence, rapporte des cas de personnes emportées par les crues soudaines de la Ruzizi. Le chiffre exact reste inconnu, noyé dans le chaos des eaux déchaînées. « La situation humanitaire était déjà critique avant cette catastrophe naturelle, aujourd’hui elle devient dramatique », alerte-t-il.
Les inondations à Uvira ne sont malheureusement qu’un épisode de plus dans la longue série de malheurs qui frappent cette région. Les pluies diluviennes à Katogota ont exacerbé une précarité latente, plongeant des communautés entières dans le désarroi le plus total. Les sinistrés du Sud-Kivu errent parmi les décombres de leurs anciennes vies, cherchant désespérément un abri, de la nourriture, un semblant de dignité.
Mais le pire peut-il encore s’aggraver ? La réponse, hélas, semble positive. Mulala Ngwasi révèle l’indicible : dans cette région en proie aux violences persistantes, des combattants profitent du chaos pour perpétrer des agressions sexuelles contre plusieurs femmes. La catastrophe naturelle au Sud-Kivu ouvre ainsi la porte à une autre tragédie, humaine celle-ci.
La situation humanitaire au Sud-Kivu atteint des sommets d’urgence qui devraient alerter la communauté internationale. Les organisations locales comme l’Union pour la paix et le développement intégral et le Réseau local pour la protection des civils tentent de coordonner les secours, mais leurs moyens dérisoires se heurtent à l’ampleur du désastre.
Les sinistrés de la Ruzizi attendent désespérément une main tendue, un geste de solidarité qui pourrait faire la différence entre la survie et l’irréparable. Combien de catastrophes naturelles faudra-t-il encore avant que la situation humanitaire dans cette région ne devienne une priorité absolue ?
Alors que les eaux commencent à se retirer, laissant apparaître l’étendue des dégâts, une question cruciale se pose : la communauté nationale et internationale saura-t-elle se mobiliser suffisamment vite pour éviter que cette catastrophe ne se transforme en tragédie humaine de grande ampleur ? Le compte à rebours est engagé pour les centaines de familles confrontées à l’urgence des inondations d’Uvira.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
