Le quartier Nkafu, dans la commune de Kadutu à Bukavu, porte encore les stigmates de la tragédie qui a frappé dans la nuit du samedi au dimanche 2 novembre. Quatre vies emportées par les flammes, dont celle d’une femme enceinte et de ses trois enfants âgés de 15, 14 et 2 ans. Une famille entière anéantie en quelques heures seulement, alors que tous dormaient paisiblement.
Comment une simple négligence peut-elle conduire à une telle catastrophe ? Les premières investigations pointent du doigt un réchaud électrique resté branché pendant la nuit. Un appareil domestique banal, présent dans de nombreux foyers de la région, qui s’est transformé en instrument de mort. Les voisins, réveillés par les cris et la fumée, ont assisté impuissants à la propagation rapide des flammes.
« Nous avons tout perdu en quelques minutes », témoigne un habitant du quartier, le visage marqué par l’horreur. « Les flammes sont sorties de nulle part, et devant l’étroitesse des ruelles, les pompiers ont eu du mal à intervenir efficacement. » Ce drame soulève une question cruciale : jusqu’à quand les habitants de Bukavu devront-ils vivre dans la peur constante des incendies ?
La configuration des lieux n’a fait qu’aggraver la situation. Les constructions anarchiques, caractéristiques de nombreux quartiers de Bukavu, ont servi de combustible idéal pour que le feu se propage rapidement. Plusieurs habitations adjacentes ont été réduites en cendres, laissant de nombreuses familles sans abri et confrontées à un avenir incertain.
Didier Mwati, activiste local, ne mâche pas ses mots : « Cette tragédie était prévisible. Nous alertons depuis des années sur les dangers des constructions anarchiques à Bukavu. L’absence de plan d’urbanisme et le non-respect des normes élémentaires de sécurité transforment nos quartiers en véritables poudrières. » Son constat est amer : combien d’autres vies faudra-t-il sacrifier avant que des mesures concrètes ne soient prises ?
La cheffe adjointe du quartier Nkafu a lancé un appel solennel à la vigilance. « La sécurité électrique à Bukavu doit devenir une priorité absolue. Nous exhortons tous les habitants à débrancher leurs appareils électriques durant la nuit et à respecter les consignes élémentaires de prudence. » Mais cet appel suffira-t-il à prévenir de nouvelles tragédies ?
Les problèmes d’urbanisation incontrôlée dans la province du Sud-Kivu créent un terrain propice à la reproduction de tels drames. L’absence de normes de construction, la vétusté des installations électriques et la densité excessive de l’habitat constituent autant de bombes à retardement. L’incendie de Nkafu n’est malheureusement pas un cas isolé, mais le dernier épisode en date d’une longue série.
Face à cette situation, les habitants s’interrogent sur la responsabilité des autorités. Les mesures de prévention des incendies à Bukavu sont-elles suffisantes ? Les services de secours sont-ils correctement équipés pour intervenir dans ces zones difficiles d’accès ? La tragédie de Kadutu met en lumière l’urgence d’une politique urbaine cohérente et de moyens adaptés pour protéger les populations.
Au-delà du choc et de l’émotion, cette nouvelle catastrophe interpelle toute la société congolaise sur les conditions de vie dans les quartiers populaires. Comment assurer la sécurité des habitants face aux risques d’incendie à Bukavu quand les infrastructures de base font défaut ? La réponse à cette question engage l’avenir de toute une région et la sécurité de milliers de familles.
Alors que le deuil s’installe dans le quartier Nkafu, une prise de conscience collective s’impose. La prévention des incendies dans le Sud-Kivu ne peut plus être reléguée au second plan. Il en va de la sécurité de tous et de la dignité des populations les plus vulnérables, souvent contraintes de vivre dans des conditions précaires.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
