Dans la province troublée du Nord-Kivu, les taximen-motos opérant sur l’axe périlleux Masisi-Walikale lancent un cri d’alarme face à la prolifération inquiétante des barrières routières. Ces points de contrôle, souvent illégaux, transforment le trajet quotidien en un parcours du combattant où sécurité et rentabilité s’effacent devant l’arbitraire.
Entre les localités de Miba et Kibua, séparées par moins de cinquante kilomètres dans le groupement de Luberike, pas moins de six barrières entravent la libre circulation. Comment ces motards peuvent-ils exercer leur métier dans de telles conditions ? La réponse se trouve dans les poches des usagers contraints de s’acquitter de taxes exorbitantes à chaque checkpoint.
« Le transport d’un simple colis peut coûter jusqu’à 65 000 francs congolais par moto », révèle un conducteur épuisé par ces tracasseries routières répétitives. « Imaginez le calvaire d’un commerçant quittant Walikale avec trois à quatre millions de francs : il doit s’arrêter à chaque barrière, exposant ses biens au pillage et sa personne à l’insécurité. »
La situation dépasse le simple cadre des désagréments professionnels. Les barrières illégales Congo deviennent des nids d’insécurité où clients et commerçants subissent vol, extorsion et agressions. Le pire ? Certains de ces points de contrôle seraient tenus par des groupes armés échappant à tout contrôle étatique, créant des zones de non-droit au cœur du territoire.
Face à cette anarchie grandissante, les taximen-motos ont décidé de porter leur voix auprès des autorités coutumières locales. Leur demande ? La création urgente d’un guichet unique pour le contrôle et la perception des taxes et redevances routières. Une solution qui pourrait mettre fin aux barrières routières Nord-Kivu multiples et restaurer un semblant de normalité.
Les autorités traditionnelles semblent avoir entendu ce appel désespéré. Des sources coutumières affirmant avoir transmis des rapports détaillés aux autorités civiles et militaires du Nord-Kivu. Mais sur le terrain, les mesures concrètes se font toujours attendre. L’insécurité routes Nord-Kivu persiste, et avec elle, la souffrance des transporteurs et usagers.
L’administration territoriale reste étrangement silencieuse. Malgré plusieurs tentatives de médias pour obtenir sa version des faits, l’administrateur policier du territoire de Walikale n’a pu être joint pour commenter cette situation explosive. Ce mutisme officiel interroge : les autorités ont-elles perdu le contrôle de ces axes vitaux pour l’économie locale ?
Les taximen motos Masisi-Walikale continuent pourtant leur combat quotidien, naviguant entre nécessité économique et risques sécuritaires. Leur calvaire illustre une réalité plus large : celle d’une région où l’État peine à imposer sa présence et où la population doit composer avec multiples acteurs, légaux comme illégaux.
La solution passera-t-elle par un assainissement complet du système de contrôle routier ? Seul un engagement ferme des autorités provinciales et une coordination avec les forces de sécurité pourra mettre fin à ces tracasseries routières RDC qui empoisonnent la vie économique du Nord-Kivu. En attendant, les motards poursuivent leur route, esquivant barrières et dangers, dans l’espoir d’un changement prochain.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
