Le groupe armé M23, qui contrôle la ville de Goma depuis janvier dernier, a fermement rejeté l’appel du président français Emmanuel Macron concernant la réouverture de l’aéroport de la métropole du Nord-Kivu. Cette position a été exprimée vendredi par le porte-parole du mouvement rebelle, Lawrence Kanyuka, dans un communiqué officiel.
L’aéroport de Goma, fermé depuis les violents combats qui ont accompagné la prise de la ville par le M23, représente un enjeu humanitaire majeur pour la région. Le président français avait annoncé jeudi, lors d’une conférence internationale à Paris, la réouverture prochaine de cette infrastructure pour des vols humanitaires « dans les prochaines semaines ».
Le M23 justifie son opposition en invoquant le cadre des négociations en cours à Doha sous médiation qatarie. « Une telle initiative ne doit s’inscrire que dans le cadre des négociations présentement en cours à Doha », a précisé Lawrence Kanyuka. Cette position souligne la complexité des relations entre les différentes parties prenantes dans ce conflit qui déchire l’est de la RDC.
La réaction du mouvement rebelle intervient moins de vingt-quatre heures après le scepticisme exprimé par le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe. Ce dernier avait déclaré que « Paris ne peut rouvrir un aéroport, puisque les premiers concernés ne sont pas là », faisant référence au M23 qui exerce l’autorité de fait sur Goma.
La conférence internationale de Paris a abouti à l’annonce d’une aide internationale de plus d’1,5 milliard d’euros et à l’ouverture de couloirs sécurisés pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Cependant, le M23 affirme qu’il n’y a « plus d’urgence humanitaire » dans les zones sous son contrôle, une déclaration qui contraste avec les rapports des organisations humanitaires internationales.
Le mouvement rebelle va plus loin en accusant les organisations humanitaires de s’être « enrichis sur le dos des anciens déplacés » et d’avoir « contribué à la survie de groupes armés ». Ces accusations, émises sans nommer d’organisations spécifiques, ajoutent une dimension supplémentaire à la complexité de la crise humanitaire au Nord-Kivu.
La situation à Goma reste particulièrement préoccupante. Après la prise de la ville en janvier, le M23 avait ordonné le retour des déplacés établis en périphérie, vidant en quelques jours les camps de fortune où s’entassaient des centaines de milliers de personnes dans des conditions humanitaires désastreuses.
Comment la communauté internationale peut-elle répondre efficacement à cette crise humanitaire croissante ? La réouverture de l’aéroport de Goma représenterait-elle une véritable avancée ou une ingérence dans un processus de paix fragile ? Ces questions restent en suspens alors que les négociations se poursuivent à Doha.
Les déclarations successives de la France, du Rwanda et du M23 illustrent les tensions diplomatiques qui entourent la gestion de cette crise. L’acheminement de l’aide humanitaire, notamment des médicaments essentiels, continue de dépendre principalement de la voie terrestre, malgré les risques sécuritaires persistants.
La position du M23 concernant la réouverture de l’aéroport de Goma s’inscrit dans un contexte plus large de revendications politiques et de négociations de paix. Le mouvement rebelle, soutenu selon les autorités congolaises par Kigali, contrôle désormais plusieurs grandes villes de l’est de la RDC, dont Bukavu depuis février.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
