L’Hôpital général de référence de Bukavu fait face à une situation médicale exceptionnelle avec l’accueil de 37 patients souffrant d’hydrocéphalie en moins d’une semaine. Cette pathologie neurologique, caractérisée par une accumulation anormale de liquide cérébral, représente un défi majeur pour le système de santé du Sud-Kivu.
Comment expliquer cette concentration de cas en si peu de temps ? L’hydrocéphalie se manifeste par une augmentation du volume crânien, particulièrement visible chez les enfants, bien que les adultes ne soient pas épargnés. Cette accumulation liquidienne exerce une pression dangereuse sur les tissus cérébraux, pouvant entraîner des lésions neurologiques irréversibles si elle n’est pas traitée rapidement.
Sur les 37 patients reçus, 28 ont été jugés éligibles pour bénéficier d’une intervention chirurgicale innovante. La campagne de prise en charge par voie endoscopique, débutée le 29 octobre 2025, se poursuivra jusqu’au 5 novembre 2025. Cette approche thérapeutique moderne représente une avancée significative dans la neurochirurgie en RDC.
Le Dr Safari Paterne, responsable de cette initiative, souligne le caractère autonome de cette opération : « L’hôpital n’a reçu aucun subside extérieur ; nous la finançons avec nos moyens et ceux des patients ». Cette révélation interpelle sur la capacité du système de santé congolais à innover malgré des ressources limitées.
La procédure de sélection des patients suit un protocole rigoureux. Avant chaque intervention, un scanner cérébral est systématiquement réalisé pour déterminer l’éligibilité à la chirurgie endoscopique. Cette étape cruciale permet d’optimiser les chances de succès thérapeutique tout en minimisant les risques pour les patients.
La technique endoscopique employée à Bukavu présente des avantages considérables comparée aux méthodes chirurgicales traditionnelles. En évitant les cicatrices visibles, cette approche moins invasive réduit considérablement le temps de récupération et les risques d’infections post-opératoires. Une véritable révolution pour la prise en charge de l’hydrocéphalie en milieu rural congolais.
Mais quels sont les défis quotidiens rencontrés par les équipes médicales ? La rareté des équipements spécialisés, le coût des consommables médicaux et la formation continue du personnel représentent autant d’obstacles à surmonter. Pourtant, la détermination des soignants de Bukavu transforme ces contraintes en opportunités d’innovation.
Cette campagne médicale s’inscrit dans une vision à long terme pour la neurochirurgie en RDC. Le Dr Safari Paterne exprime l’espoir que cette approche endoscopique permettra de réduire durablement le nombre d’enfants souffrant de complications liées à l’hydrocéphalie dans la province du Sud-Kivu. Un objectif ambitieux mais réalisable grâce à la persévérance des acteurs locaux.
La situation à Bukavu soulève des questions plus larges sur l’accès aux soins spécialisés en République Démocratique du Congo. Comment généraliser ces techniques innovantes à d’autres régions ? Quel modèle de financement durable mettre en place pour pérenniser ces avancées médicales ?
L’initiative de l’Hôpital général de référence de Bukavu démontre que des solutions locales existent pour répondre à des problèmes de santé complexes. Elle illustre la capacité d’adaptation et d’innovation du personnel médical congolais face à l’adversité. Un exemple inspirant qui mériterait d’être reproduit à plus large échelle.
Alors que la campagne se poursuit jusqu’au 5 novembre, les équipes médicales restent mobilisées pour offrir les meilleurs soins possibles aux patients atteints d’hydrocéphalie. Leur engagement quotidien rappelle que l’accès à des soins de qualité reste un droit fondamental, même dans les régions les plus défavorisées.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
