Dans un mouvement politique soigneusement chorégraphié, l’Union sacrée de la majorité présidentielle a désigné ce mercredi Aimé Boji Sangara comme son candidat unique pour briguer la présidence de l’Assemblée nationale. Cette annonce, faite par André Mabata, secrétaire permanent de la plateforme, intervient dans un contexte où la succession de Vital Kamerhe au perchoir mobilise toutes les attentions du paysage politique congolais.
Le choix de Boji Sangara, élu de Walungu au Sud-Kivu, ne surprend guère les observateurs avertis de la scène politique congolaise. L’ancien ministre de l’Industrie avait en effet démissionné du gouvernement il y a une dizaine de jours, un timing qui apparaît rétrospectivement comme le prélude à cette désignation stratégique. Cette démission, présentée à l’époque comme un simple retour à son mandat parlementaire, révèle aujourd’hui toute sa dimension tactique.
André Mabata, dans sa déclaration à la presse, a insisté sur le caractère consensuel de cette décision, soulignant qu’elle émanait directement de « l’autorité de référence de la plateforme », en l’occurrence le président Félix Tshisekedi. Cette formulation, aussi diplomatique soit-elle, ne masque qu’à peine le pilotage d’en haut de cette succession cruciale. Le message est clair : l’Union sacrée parle d’une seule voix, et cette voix est celle du chef de l’État.
La désignation d’un candidat unique représente-t-elle une démonstration de force ou au contraire une volonté de verrouiller le processus pour éviter les divisions ? La question mérite d’être posée alors que onze autres députés avaient déposé leur candidature auprès de l’Union sacrée. Tous ont été invités à se rallier à la candidature Boji, un appel à l’unité qui ressemble fort à une mise au pas des velléités autonomistes.
Le parcours politique d’Aimé Boji Sangara, marqué par son passage au gouvernement et son ancrage territorial au Sud-Kivu, en fait un candidat à la fois expérimenté et représentatif des équilibres régionaux qui structurent la politique congolaise. Son profil semble concilier plusieurs impératifs : loyauté envers le pouvoir, connaissance des arcanes institutionnelles et légitimité parlementaire.
Cette opération de succession révèle les méthodes de gouvernance de la majorité présidentielle. En centralisant le processus de désignation autour de la figure présidentielle, l’Union sacrée affirme sa cohésion mais soulève également des questions sur la marge de manœuvre réelle des parlementaires. La démocratie interne au sein de la majorité semble s’effacer devant la raison d’État et les impératifs de stabilité gouvernementale.
La transition entre Vital Kamerhe et son successeur présumé s’annonce comme un test pour la solidité de l’Union sacrée. Si la désignation d’Aimé Boji Sangara apparaît comme une formalité politique, son élection à la présidence de l’Assemblée nationale constituera le véritable baromètre de l’influence réelle de la majorité présidentielle au sein de l’institution parlementaire. Les prochains jours diront si cette candidature unique suffira à garantir une passation de pouvoir harmonieuse ou si des résistances sourdes viendront perturber ce scénario apparemment bien huilé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
