Dans un contexte politique congolais marqué par des recompositions parlementaires, Christian Mwando, président du groupe Ensemble pour la République, pose un véritable acte de rupture en revendiquant avec force la représentation équitable de l’opposition au sein du bureau de l’Assemblée nationale. Cette prise de position intervient à un moment crucial, alors que le remplacement de Vital Kamerhe et Dominique Munongo, démissionnaires depuis un mois et demi, soulève des interrogations sur l’équilibre des pouvoirs au Parlement.
Le député de Moba, dans la province du Tanganyika, ne se contente pas d’une simple protestation. Il brandit l’argument statutaire pour réclamer le poste de rapporteur-adjoint de l’Assemblée nationale, fonction qui, selon les textes en vigueur, devrait échoir naturellement à l’opposition politique. Cette revendication dépasse la simple querelle de positions pour toucher au cœur même des principes démocratiques censés régir l’institution parlementaire.
Mais quelle place réelle pour l’opposition dans les instances décisionnelles de l’Assemblée nationale RDC ? La question mérite d’être posée, tant le fonctionnement actuel de la chambre basse semble s’éloigner des standards démocratiques. Christian Mwando ne s’y trompe pas, lui qui plaide pour une transparence accrue et un respect scrupuleux des règles établies. Son intervention médiatique sur Radio Okapi n’est pas anodine : elle vise à sensibiliser l’opinion publique sur les enjeux d’une représentation parlementaire équilibrée.
La stratégie de l’opposition politique, incarnée par Ensemble pour la République, révèle une volonté affirmée de peser dans les arbitrages législatifs. En s’appropriant le discours de la défense des intérêts citoyens, Christian Mwando positionne son groupe comme un contre-pouvoir crédible, capable de questionner les pratiques établies au sein du bureau assemblée. Cette approche témoigne d’une maturation certaine de l’opposition parlementaire congolaise, qui semble désormais prête à occuper tout l’espace qui lui revient de droit.
Le timing de cette sortie médiatique n’est pas non plus innocent. Alors que le processus de remplacement des démissionnaires s’éternise, l’opposition politique saisit l’occasion pour rappeler ses prérogatives. La revendication portée par Christian Mwando dépasse ainsi le cadre strict du poste de rapporteur-adjoint pour interroger plus globalement la culture politique dominante à l’Assemblée nationale. La question sous-jacente étant : jusqu’où la majorité parlementaire peut-elle aller dans la marginalisation de l’opposition sans compromettre la légitimité démocratique de l’institution ?
Au-delà des postes et des positions, c’est bien la crédibilité du Parlement congolais qui se joue dans ce débat sur la représentation parlementaire. La capacité de l’Assemblée nationale à intégrer pleinement l’opposition dans ses structures de gouvernance interne enverrait un signal fort quant à la consolidation démocratique en RDC. À l’inverse, un statu quo ou un recul sur cette question risquerait d’entacher durablement l’image de l’institution auprès des citoyens congolais.
Christian Mwando, par sa démarche, place donc la majorité parlementaire face à ses responsabilités. Acceptera-t-elle de jouer le jeu d’une démocratie parlementaire inclusive, ou préférera-t-elle continuer à marginaliser l’opposition politique au risque de fragiliser l’édifice institutionnel ? La réponse à cette interrogation déterminera pour une large part la qualité du débat démocratique dans les mois à venir au sein de l’Assemblée nationale RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
