Une nouvelle vague de violence a frappé le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 octobre, un notable de la localité de Kisharo a été sauvagement assassiné à l’arme blanche par des hommes armés non identifiés. L’attaque s’est produite vers 19 heures dans le quartier Majengo, plongeant la communauté locale dans la terreur.
La victime, connue sous le nom de « Ndombolo », a été surprise à son domicile par ses assaillants. Les témoins rapportent que les malfrats ont opéré avec une précision militaire, frappant au cœur de l’habitation avant de disparaître dans l’obscurité. Après leur forfait, les criminels ont pillé plusieurs habitations voisines, emportant des biens de valeur et du bétail.
Ce tragique événement porte à deux le nombre de cadres de base tués en l’espace d’une semaine seulement dans cette zone sous occupation de l’AFC/M23. Comment expliquer cette recrudescence de violence ciblée contre les représentants locaux ? La situation sécuritaire dans le groupement de Binza se détériore-t-elle inexorablement ?
Les chefs de localités vivent désormais dans une peur constante. Nombre d’entre eux préfèrent passer la nuit en dehors de leur domicile, craignant pour leur vie. « Ces derniers temps, nous sommes devenus des cibles. On ne sait plus à qui faire confiance. Nous vivons la peur au ventre », confie un cadre local sous couvert d’anonymat.
Ce drame fait suite à l’assassinat, il y a une semaine exactement, du chef de la localité de Buramba, également tué par des hommes armés non identifiés. En août dernier, le chef du quartier Kiheka à Nyamilima avait lui aussi été abattu par balle à son domicile. Ces trois localités – Kisharo, Buramba et Nyamilima – partagent une caractéristique inquiétante : elles se trouvent toutes dans des zones actuellement sous contrôle de la rébellion de l’AFC/M23.
La sécurité dans le territoire de Rutshuru atteint-elle un point de non-retour ? Les cadres locaux sont-ils abandonnés à leur sort face à la violence des groupes armés ? La société civile du territoire de Rutshuru alerte sur le risque d’un effondrement complet de l’autorité locale si ces violences ciblées se poursuivent.
Face à cette série d’assassinats, les communautés locales lancent un appel pressant aux autorités nationales et aux partenaires internationaux. Le renforcement de la protection des cadres de base, souvent en première ligne face aux groupes armés, devient une question de survie. L’insécurité grandissante dans le groupement de Binza menace non seulement la stabilité locale mais également la cohésion sociale de toute la région.
La multiplication des assassinats de cadres locaux dans le Nord-Kivu interroge sur l’efficacité des mécanismes de protection en place. La communauté internationale reste-t-elle suffisamment attentive à cette crise sécuritaire qui s’installe durablement dans l’est de la RDC ? Les réponses apportées dans les prochains jours seront déterminantes pour l’avenir de cette région meurtrie.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
