Dans la nuit du dimanche au lundi 27 octobre, les flammes ont impitoyablement dévoré le cœur de Lugushwa, transformant en cendres des dizaines d’habitations et de commerces. Cette catastrophe Sud-Kivu a plongé toute une communauté dans la désolation, laissant derrière elle un paysage de ruines et de désespoir.
« Beaucoup de biens des citoyens ont été calcinés par ce feu dont l’origine n’est pas connue », témoigne un acteur local, la voix empreinte d’émotion. Des motos, de l’argent, des marchandises diverses dans des boutiques, kiosques, shops de crédit téléphonique et de transfert d’argent ont été réduits en fumée. Les maisons de paisibles citoyens, lieux de vie et de souvenirs, ne sont plus que des amas de cendres.
Le grand marché de Lugushwa à Mapale, poumon économique de la région, a été rayé de la carte. Mais le coup le plus dur reste la destruction du centre hospitalier avec tous ses intrants médicaux. Comment une communauté peut-elle survivre sans accès aux soins de santé de base ? Comment les malades chroniques vont-ils recevoir leurs traitements ?
Panji Mazambi, secrétaire de la société civile de Mwenga, dresse un bilan accablant : « Plus de 500 maisons ont été calcinées, le bâtiment abritant l’hôpital aussi a été calciné, ce qui est un grand dommage pour les malades et habitants de Lugushwa et Mapale. » Ces chiffres glacials ne rendent pourtant pas compte de l’ampleur réelle de la tragédie humaine.
L’incendie Lugushwa survient dans un contexte déjà extrêmement fragile. Le président de la société civile du territoire de Mwenga, Lungele Itebo, souligne l’effet cumulatif des crises : « Ce drame est venu aggraver la souffrance de la population qui fait face à la fermeture de la route Mwenga-Bukavu par les rebelles de l’AFC/M23. »
Cette fermeture routière crée une situation de double peine pour les sinistrés. Non seulement ils ont tout perdu dans l’incendie, mais en plus l’accès aux secours et aux reconstructions devient un parcours du combattant. L’approvisionnement en médicaments pour les structures de santé survivantes relève désormais du miracle.
La crise humanitaire Sud-Kivu prend une dimension alarmante. Des familles entières se retrouvent sans abri, sans moyens de subsistance, sans accès aux soins. Où vont dormir ces centaines de personnes déplacées ? Comment vont-elles se nourrir ? Où trouver des soins pour les enfants, les personnes âgées, les malades ?
L’hôpital détruit Lugushwa symbolise l’effondrement d’un système de santé déjà fragile. Les médicaments calcinés, le matériel médical réduit en cendres, les dossiers patients partis en fumée – autant d’éléments qui mettent en péril des vies humaines. Combien de patients sous traitement chronique voient aujourd’hui leur pronostic vital engagé ?
La reconstruction s’annonce titanesque. Au-delà des bâtiments à relever, c’est toute une économie locale qu’il faut reconstruire. Les petits commerçants qui ont tout perdu, les agriculteurs dont les récoltes ont brûlé, les transporteurs dont les véhicules ont été détruits – comment redémarrer quand on n’a plus rien ?
Cette catastrophe interroge également sur la prévention des risques dans la région. Existe-t-il des mesures de prévention contre les incendies ? Des équipements de lutte contre le feu sont-ils disponibles ? La densité des habitations et les matériaux de construction utilisés ne contribuent-ils pas à la propagation rapide des flammes ?
Alors que la communauté internationale semble souvent distante face aux drames qui secouent l’est de la RDC, les habitants de Lugushwa et Mapale attendent des gestes concrets de solidarité. L’urgence est multiple : abris temporaires, nourriture, soins médicaux, mais aussi soutien psychologique pour surmonter le traumatisme.
L’incendie Mwenga révèle une fois de plus la vulnérabilité des populations face aux catastrophes naturelles et aux conflits armés. Dans cette région meurtrie où les crises s’enchaînent et se superposent, la résilience des habitants est mise à rude épreuve. Jusqu’à quand pourront-ils tenir ?
La destruction simultanée des habitations, du marché et de l’hôpital crée un vide béant dans le tissu social et économique. Comment reconstruire sans moyens ? Comment soigner sans hôpital ? Comment commercer sans marché ? Autant de questions qui restent sans réponse pour les sinistrés de Lugushwa.
Cette tragédie doit servir d’électrochoc pour les autorités locales et nationales. Elle démontre l’impérieuse nécessité de mettre en place des systèmes d’alerte précoce, des plans d’urgence et des mécanismes de solidarité efficaces. La prévention des risques et la gestion des catastrophes doivent devenir des priorités absolues.
En attendant, les cendres de Lugushwa portent la mémoire d’une communauté blessée mais debout, déterminée à renaître de ses cendres malgré l’adversité et l’indifférence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
