Le territoire de Mwenga, dans la province du Sud-Kivu, traverse actuellement une crise économique d’une ampleur exceptionnelle. Les marchés locaux enregistrent des augmentations de prix pouvant atteindre 300% sur certaines denrées alimentaires et produits de première nécessité, créant une situation d’urgence humanitaire dans cette région pourtant riche en potentialités agricoles.
Comment une région peut-elle basculer si rapidement dans l’insécurité alimentaire ? La réponse réside dans l’effondrement des infrastructures routières. La fermeture du passage stratégique de Bwahungu, combinée au mauvais état général des routes, a créé un isolement économique dramatique pour les populations du territoire de Mwenga.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et témoignent de l’ampleur de cette flambée des prix. Le kilogramme d’haricots, aliment de base pour de nombreuses familles, est passé de 2 000 francs congolais à 4 000 francs à Mwenga centre, atteignant des sommets vertigineux de 6 000 francs à Kitutu et 10 000 francs à Lugushwa. Cette inflation galopante frappe également le secteur des hydrocarbures, avec le litre de carburant qui a doublé à Mwenga centre (10 000 FC contre 5 000 FC auparavant) et atteint des records de 14 000 FC à Kitutu et 18 000 FC à Lugushwa.
Le maïs, autre pilier de l’alimentation locale, subit une hausse spectaculaire. Le sac est passé de 35 000 FC à 120 000 FC dans certains endroits, et jusqu’à 160 000 FC ailleurs, selon Pandji Mazambi Chrysologue, secrétaire de la société civile Force Vive. Ces augmentations représentent un véritable tsunami économique pour des populations dont le pouvoir d’achat était déjà fragilisé.
La crise ne se limite pas au secteur alimentaire. Le système de santé local subit de plein fouet les conséquences de cette rupture des approvisionnements. Les structures sanitaires font face à une pénurie inquiétante de plumpy’nut, plumpy’doz, d’antipaludiques, de tests TDR, de moustiquaires et de vaccins de routine pour les enfants de moins de cinq ans. Cette situation crée un risque sanitaire majeur dans une région où les besoins médicaux restent importants.
La dépendance du territoire de Mwenga vis-à-vis de la ville de Bukavu apparaît comme le talon d’Achille de son économie locale. L’accessibilité routière défaillante transforme progressivement cette région en enclav économique, où les biens de première nécessité parviennent difficilement aux populations. Cette situation rappelle cruellement que le développement économique d’une région repose en grande partie sur la qualité de ses infrastructures de transport.
Le phénomène observé à Mwenga n’est malheureusement pas isolé. Le territoire voisin de Shabunda connaît des difficultés similaires, suggérant une crise structurelle plus large dans la province du Sud-Kivu. Cette similitude interpelle sur la nécessité d’une approche régionale pour résoudre les problèmes d’infrastructure qui entravent le développement économique de toute une province.
Quelles perspectives pour les populations du territoire de Mwenga ? La résolution de cette crise passe nécessairement par la réouverture du passage de Bwahungu et la réhabilitation urgente des routes. Sans une intervention rapide des autorités compétentes, cette flambée des prix risque de s’installer dans la durée, avec des conséquences humanitaires potentiellement dramatiques pour des milliers de familles déjà vulnérables.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur la résilience des économies locales face aux chocs infrastructurels. Elle démontre également l’impérieuse nécessité d’investir dans les routes et les voies d’accès, véritables artères vitales pour le développement des territoires congolais. La crise actuelle à Mwenga doit servir de signal d’alarme pour une prise de conscience collective sur l’importance stratégique des infrastructures de transport dans la stabilité économique des régions.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
