La route Nyunzu-Kongolo, artère économique vitale de la province du Tanganyika, traverse une crise infrastructurelle sans précédent. Cette voie stratégique, autrefois poumon commercial de la région, se transforme progressivement en un champ de bataille contre les éléments naturels et les obstacles humains. Comment une route aussi cruciale pour l’approvisionnement de toute une région a-t-elle pu atteindre un tel état de délabrement ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le trajet qui devrait normalement s’effectuer en quelques heures prend désormais des jours entiers. Les bourbiers, véritables pièges à véhicules, se sont multipliés sur l’ensemble du parcours, transformant chaque voyage en une expérience périlleuse. Les chauffeurs de poids lourds, ces héros anonymes du transport routier, développent des stratégies de survie plutôt que de simples techniques de conduite.
Joseph Kakuji, chauffeur expérimenté, livre un témoignage éloquent : « Cette route qui mène vers Kongolo est impraticable. Il faut être un chauffeur expérimenté pour sortir de ce bourbier. Lorsqu’il pleut, personne n’ose l’emprunter ». Cette situation critique affecte directement la chaîne d’approvisionnement des produits agricoles de Kongolo vers les marchés de Nyunzu et Kalemie.
L’impact économique de cette dégradation des routes RDC se mesure en termes concrets : l’huile de palme, le maïs et les bananes plantains voient leur prix augmenter de manière vertigineuse. Les produits agricoles Kongolo, normalement destinés à nourrir des milliers de familles, pourrissent souvent sur place, incapables d’atteindre les centres de consommation. Cette rupture dans le transport Tanganyika crée une distorsion marchéique insoutenable pour les ménages les plus vulnérables.
Les motocyclistes, autre maillon essentiel du transport dans la région, vivent un calvaire quotidien. Leurs machines, soumises à des conditions extrêmes, connaissent des pannes fréquentes tandis que leurs corps subissent une usure physique accélérée. La solidarité entre usagers devient le seul filet de sécurité dans cette épreuve collective, transformant chaque voyage en une expérience communautaire.
La question des infrastructures Tanganyika dépasse le simple cadre du confort des usagers. Elle touche à la sécurité alimentaire, à la stabilité économique et au développement régional. Les produits de première nécessité deviennent des denrées rares, creusant les inégalités sociales et aggravant la précarité alimentaire. Comment expliquer que des régions entières soient ainsi coupées du reste du pays ?
Les solutions existent pourtant. La réhabilitation de cette route stratégique représenterait un investissement judicieux pour les autorités provinciales et nationales. Fluidifier les échanges commerciaux, réduire les coûts de transport et stimuler l’économie locale : tels sont les enjeux immédiats. Les retombées positives d’une telle intervention dépasseraient largement le cadre budgétaire initial.
À moyen terme, une route Nyunzu Kongolo rénovée pourrait relancer l’ensemble du secteur agricole provincial, permettant aux producteurs d’écouler leurs récoltes dans des conditions optimales. Les économistes locaux estiment que les pertes actuelles dues au mauvais état des routes représentent plusieurs points de croissance économique annuelle.
La balle est désormais dans le camp des décideurs. Face à l’urgence de la situation, des mesures concrètes s’imposent. La route Nyunzu-Kongolo attend plus qu’une simple réparation : elle réclame une vision stratégique pour le développement du Tanganyika tout entier.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net