Le quartier Nyalukemba à Bukavu porte encore les stigmates de la tragédie qui a frappé samedi après-midi. Dans cette zone densément peuplée de l’avenue Kayabu 2, les cendres et les structures calcinées racontent une histoire trop familière pour les habitants de la capitale du Sud-Kivu. Trois jeunes vies, issues d’une même famille, ont été fauchées par les flammes dans des circonstances qui interrogent amèrement sur les conditions de sécurité dans cette ville en pleine croissance.
« Nous avons entendu des cris déchirants, puis nous avons vu la fumée s’élever », témoigne un voisin, encore sous le choc. « Les jeunes du quartier se sont immédiatement mobilisés avec des seaux d’eau, mais comment lutter contre un feu si violent avec si peu de moyens ? » La question résonne comme une amère constatation de l’impuissance face à des sinistres qui deviennent malheureusement courants.
Six habitations réduites en cendres, des familles entières dépossédées de leurs biens et surtout, ce drame humain insoutenable : trois enfants emportés par les flammes. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi Bukavu semble-t-elle si vulnérable face aux incendies ? Les habitants du quartier Nyalukemba se posent ces questions avec une angoisse grandissante, alors que les autorités tardent à apporter des réponses concrètes.
La proximité des constructions, l’absence de véhicules anti-incendie fonctionnels et le manque criant d’équipements spécialisés créent un cocktail explosif dans cette ville où les risques d’incendie s’accroissent dangereusement. Les pompiers, quand ils existent, doivent souvent faire face à des défis logistiques insurmontables : routes impraticables, manque d’eau sous pression, équipements obsolètes.
« C’est la dixième fois en quelques mois qu’un incendie ravage un quartier de Bukavu », déplore une habitante rencontrée sur les lieux du drame. « À chaque fois, ce sont les mêmes scènes de désolation, les mêmes promesses non tenues, les mêmes vies brisées. Quand est-ce que cela va s’arrêter ? »
La fréquence alarmante des incendies à Bukavu interpelle sur la sécurité incendie en RDC dans son ensemble. Ces tragédies à répétition mettent en lumière les carences structurelles d’une ville qui peine à suivre le rythme de son expansion démographique. Les victimes d’incendie au Sud-Kivu deviennent malheureusement des statistiques régulières, des chiffres qui cachent des drames humains profonds.
Derrière chaque sinistre à Nyalukemba et ailleurs dans la ville, ce sont des histoires de vies bouleversées, de rêves réduits en cendres, d’avenirs compromis. La tragédie des enfants à Bukavu vient rappeler cruellement l’urgence de mettre en place une véritable politique de prévention et de secours. Les habitants réclament des solutions durables, non pas des promesses éphémères.
Alors que l’origine de cet incendie reste mystérieuse, la colère monte dans les ruelles du quartier. Comment accepter que de jeunes vies soient sacrifiées sur l’autel de l’incurie et du manque de moyens ? La sécurité des populations devrait pourtant être la priorité absolue des autorités.
La répétition de ces drames pose fondamentalement la question du développement urbain à Bukavu. Une ville peut-elle continuer à s’étendre sans mettre en place les infrastructures de sécurité de base ? Les habitants méritent-ils de vivre dans la crainte permanente de voir leurs biens et leurs proches partir en fumée ?
Au-delà de la douleur immédiate et du deuil qui frappe une famille endeuillée, c’est toute la communauté qui se sent vulnérable. Les incendies à Bukavu ne sont plus des accidents isolés, mais le symptôme d’un malaise plus profond, celui d’une urbanisation sauvage et non maîtrisée.
La prise de conscience doit être collective et les actions concertées. Il est temps que la sécurité incendie en RDC devienne une priorité nationale, que des moyens conséquents soient déployés pour prévenir ces drames et intervenir efficacement lorsqu’ils surviennent. Le prix à payer en vies humaines est déjà beaucoup trop élevé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net