Les États-Unis ont connu samedi une mobilisation citoyenne d’ampleur historique alors que des millions d’Américains ont investi les rues dans le cadre des manifestations « No Kings » exprimant leur opposition ferme au président Donald Trump. Ce mouvement de contestation national, le plus important depuis le retour au pouvoir du républicain en janvier, a rassemblé environ 7 millions de participants selon les organisateurs, à travers plus de 2.700 rassemblements organisés sur l’ensemble du territoire américain.
Comment expliquer une telle mobilisation en pleine période politique tendue ? Les manifestants, venus de tous horizons et de tous âges, ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient de « prise du pouvoir autoritaire » de l’administration Trump. De New York à San Francisco, en passant par Chicago et La Nouvelle-Orléans, les cortèges ont défilé dans une atmosphère à la fois déterminée et joviale, certains participants arborant des costumes insolites de pingouin, de homard ou d’hippopotame en réponse aux accusations de la droite.
La capitale Washington a vu défiler des milliers de personnes, dont Isaac Harder, un lycéen rencontré sur place qui déclarait : « Ils sont en train de détruire la démocratie. Ce n’est pas l’Amérique, c’est du fascisme ». À New York, plus de 100.000 personnes ont défilé pacifiquement selon la police locale, tandis que des rassemblements ont même eu lieu dans des fiefs conservateurs comme le Texas et la Floride.
Cette journée de manifestations États-Unis intervient dans un contexte politique particulièrement volatile. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a profondément modifié l’équilibre démocratique américain en empiétant sur les prérogatives du Congrès et des États, tout en menaçant ses opposants de représailles judiciaires. « Comment cela a-t-il pu arriver ? », s’interroge Jennifer Bryant, une avocate rencontrée à Houston. « Les choses évoluent si rapidement, ils détruisent nos institutions, licencient des fonctionnaires et s’emparent des fonds publics ».
La mobilisation nationale actuelle survient également en pleine paralysie budgétaire de l’État fédéral et alors que le président a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates, officiellement pour lutter contre l’immigration illégale et la criminalité. En signe de protestation, plusieurs rassemblements se sont tenus dans les villes où la Garde nationale a été envoyée, notamment Chicago et Los Angeles.
Face à ce mouvement d’opposition, le camp républicain a adopté une position ferme, qualifiant les manifestants de promoteurs de « haine de l’Amérique » et allant jusqu’à les assimiler à des terroristes. Le président Trump lui-même, qui avait menacé en juin de répondre aux manifestants avec une « très grande force », s’est contenté de commenter cette semaine sur Fox News : « Je ne suis pas un roi », restant silencieux durant la journée de samedi.
Quelles sont les implications de cette mobilisation pour l’avenir politique américain ? La présence de figures de gauche comme Bernie Sanders et Chuck Schumer dans les cortèges témoigne de l’importance stratégique de ce mouvement. Les observateurs politiques s’interrogent désormais sur la capacité de cette contestation à influencer l’orientation politique de l’administration Trump dans les mois à venir.
Alors que la politique américaine traverse une période de tensions sans précédent, cette journée de manifestations « No Kings » marque un tournant dans l’expression de l’opposition citoyenne. Le mouvement, qui avait déjà rassemblé environ 5 millions de personnes en juin lors de l’anniversaire de Donald Trump, confirme la montée en puissance d’une résistance organisée face aux actions présidentielles perçues comme autoritaires.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net