La fermeture brutale du site minier artisanal de Luhihi, dans le Sud-Kivu, continue de produire des effets dévastateurs deux mois après sa mise en œuvre par les responsables du M23-AFC. Cette décision unilatérale, intervenue le 30 août dernier, a plongé des milliers de familles dans une précarité sans précédent.
Plus de 30 000 personnes se retrouvent actuellement sans revenus selon la Synergie des opérateurs économiques et ressortissants de Lomera/Luhihi. Le chômage des mineurs artisanaux atteint des proportions alarmantes, transformant cette mesure en une véritable catastrophe sociale pour toute la région du Sud-Kivu.
La députée Béatrice Nanvano n’a pas mâché ses mots en qualifiant cette fermeture de site minier Luhihi de « contre-productive et suicidaire ». Dans sa déclaration du samedi 18 octobre, l’élue du peuple a établi un lien direct entre cette décision et la recrudescence des cas d’insécurité dans la zone. Comment une population privée de ses moyens de subsistance pourrait-elle rester passive face à l’adversité ?
Les conséquences sociales des fermetures de mines s’avèrent plus graves que prévu. La pauvreté s’est accentuée de manière dramatique dans le village de Luhihi et ses environs, selon les observations des structures encadrant les creuseurs artisanaux. Des ménages entiers se retrouvent sans aucune perspective de revenus, leurs membres ayant perdu leur unique moyen de subsistance.
La crise économique au Sud-Kivu prend des proportions inquiétantes. Les activités commerciales qui dépendaient indirectement de l’exploitation minière connaissent un ralentissement significatif. Les petits commerces, les services de transport et toute l’économie locale subissent les contrecoups de cette fermeture.
L’incident déclencheur remonte au 29 août, lorsque le bureau du M23 à Luhihi avait été saccagé par des personnes non identifiées. Cet événement avait entraîné des pertes en vies humaines. Le lendemain, les responsables du mouvement rebelle prenaient la décision d’interdire l’accès au site minier, provoquant un arrêt brutal des activités.
La situation sécuritaire se dégrade progressement dans la région. L’absence d’alternatives économiques viables pousse certains jeunes vers des activités illicites. Le M23 au Sud-Kivu se trouve confronté à un dilemme : maintenir une mesure sécuritaire aux conséquences sociales désastreuses ou trouver un compromis acceptable pour les populations locales.
Les acteurs locaux multiplient les appels pour une révision urgente de cette décision. La reprise des activités minières apparaît comme la seule solution capable de relancer l’économie locale et d’apaiser les tensions sociales. Jusqu’à quand cette situation intenable pourra-t-elle durer ?
La fermeture du site d’exploitation artisanale d’or de Luhihi représente un cas d’école des défis de gouvernance dans les zones minières conflictuelles. Elle soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre sécurité et développement économique. Les populations, prises en étau entre les impératifs sécuritaires et la nécessité de survivre, attendent des solutions concrètes et durables.
La communauté internationale observe avec attention l’évolution de cette crise humanitaire naissante. Les organisations locales plaident pour une médiation rapide capable de concilier les préoccupations sécuritaires du M23 et les impératifs de survie des populations. Le temps presse pour trouver une issue à cette impasse.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net